Face à la grave crise que traverse l'industrie pétrolière mondiale, l'Algérie appelle à un sommet international regroupant les pays producteurs (Opep et non-Opep) pour trouver une solution à la dégringolade dangereuse des cours de l'or noir. Lors de sa participation hier à la 4e conférence des ministres chargés des hydrocarbures d'Afrique et d'Inde, le ministre de l'Energie, Saleh Khebri, a souligné la nécessité pour les pays membres de l'Opep et non-Opep à organiser une table ronde pour trouver une sortie à la crise qui frappe le secteur pétrolier. «Nous avons besoin d'un large débat avec tous les pays concernés pour réduire ensemble le taux de production du pétrole», a-t-il indiqué à Reuters. En réponse à la question sur l'éventualité pour les membres de l'Opep de tenir une réunion extraordinaire afin d'évaluer la situation actuelle du secteur pétrolier, le ministre a répondu : «Des discussions sont en cours et nous verrons à l'avenir». Pendant ce temps, la baisse du prix du pétrole continue. Hier le coût du baril est arrivé à 27.89 dollars à New York, sous la pression à la fois de la confirmation des excédents mondiaux et de la défiance généralisée des investisseurs du monde pour les actifs jugés risqués. Selon les estimations de la compagnie pétrolière norvégienne Statoil, le marché pétrolier pourrait trouver un équilibre pour l'année 2016. Cependant, l'Agence internationale des énergies n'est pas du même avis. Cette dernière indique que le marché restera excédentaire jusqu'à la fin de l'année et que le prix du pétrole demeura à son plus bas prix depuis 12 ans. «Un scenario qui ne serait possible que dans le cas où l'Iran augmente sa production pétrolière au-dessus de toutes les prévisions et que la Chine revoie à la baisse sa demande», a expliqué Eric Wirs, un expert économiste de Statoil, rapporté par l'agence Reuters. Mais pour l'expert, le scénario le plus probable en 2016 est que l'Iran augmente sa production de 300 000 à 500 000 barils par jour pendant que la production des pays hors Opep baissera sensiblement. «Une situation qui peut rééquilibrer le marché en portant la demande à 1.5 million de barils par jour», a-t-il encore estimé. Le pétrole ayant perdu 75% de sa valeur en dix-huit mois, les pays exportateurs sont obligés de prendre des mesures d'austérité pour réduire leurs déficits budgétaires. L'or noir a perdu les trois quarts de sa valeur depuis son plus haut niveau de l'été 2014, une chute historique sur un tel laps de temps. Compte tenu d'une inflation cumulée de 55% depuis 1973, au milieu du premier choc pétrolier, le prix actuel du baril est au niveau constaté en décembre 1973, soit 5 dollars. Une catastrophe pour les pays exportateurs et pour leurs fournisseurs. Ces pays, qui tirent leurs recettes des ventes du pétrole ou des royalties y afférentes, sont caractérisés par un «point mort budgétaire», le niveau du prix du pétrole en deçà duquel leur budget public plonge dans le rouge. Le point mort de tous ces pays, Koweït compris, est supérieur au prix actuel du pétrole (28 dollars) en raison des dépenses jugées incompressibles sur le plan militaire ou social d'une population jeune (Arabie saoudite, Iran, Algérie, Nigeria). Il se situe pour la plupart des Etats entre 80 et 120 dollars, selon une analyse de la Deutsche Bank.