En évoquant, ce dimanche, l'éventualité de convoquer une réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Algérie affiche ses inquiétudes quant au recul progressif, et qui risque de durer dans le temps, du prix du pétrole. Le ministre de l'Energie, Salah Khebri, n'a pas écarté cette possibilité avec pour premier objectif la réduction ou non de la production du pétrole. Une convocation qui sonne clairement comme une réponse aux déclarations du secrétaire général de l'OPEP, Abdallah Salem El Badri, qui a exclu toute révision à la baisse de la production de l'organisation. L'Algérie qui sait qu'elle joue gros dans cette partie rappelle que "le SG ne représente pas l'organisation" et qu'au-dessus du Libyen, il y a la conférence ministérielle. Alger joue serré depuis que l'Iran a retrouvé sa "respectabilité" auprès des puissances occidentales après la signature du traité sur son nucléaire. Et la tendance classique serait plutôt à l'accroissement de l'offre déjà supérieure à la demande sur un marché pétrolier qui a déjà anticipé l'issue du dossier iranien. L'Algérie n'ignore pas que la levée des sanctions économiques contre Téhéran, à partir de janvier 2016, va se traduire par une augmentation des exportations de pétrole iranien, ce qui induira automatiquement une baisse plus conséquente des prix du baril si les paramètres de l'heure ne sont pas bousculés. L'autre donne dans l'équation qui inquiète l'Algérie est cette insistance saoudienne à noyer le marché quitte à y laisser près de 50 milliards de dollars sur le carreau en à peine quatre mois. Le royaume wahhabite et l'Iran, pourtant partenaires au sein de l'Opep, se livrent une guerre sans merci et les pays exportateurs comme l'Algérie en pâtissent de cette dissension. Mais pas seulement de cette querelle religieuse, puisque le marché est assujetti à plusieurs autres facteurs comme les réserves américaines ou les prévisions sur la croissance mondiale. Alger sait pertinemment qu'elle se trouve en plein milieu d'un cercle vicieux qui pousse les pays exportateurs à augmenter leur production pour compenser la baisse des cours du pétrole. Si le prix du baril est actuellement à 48 dollars, il risque de chuter davantage en 2016 quand il y aura plus de pétrole sur le marché si aucune mesure salutaire n'est prise en amont. Pourtant, aucun signe prometteur ne pointe à l'horizon alors que l'Algérie n'a plus, depuis longtemps, son mot à dire à l'Opep. De là à dire que le pays a perdu sa bataille dans cette guerre des prix, il n'y a qu'un pas à franchir.