La tension que vit la faculté des sciences économiques de l'université reflète l'absence de gouvernance de l'institution universitaire dans sa globalité. Au courant de la semaine, deux chefs de département ont démissionné par respect à l'engagement pris par tous les autres chefs de département destinataires, une semaine auparavant, d'un e-mail les menaçant «d'effusion de sang». Ce courriel proférant des menaces à l'endroit d'enseignants fait l'objet d'une enquête initiée par la brigade de la Gendarmerie nationale. La première question que se posent les enseignants destinataires de ces menaces se rapporte à la manière dont les auteurs des e-mails, des étudiants ayant terminé le cursus de licence, se sont procurés leurs adresses électroniques. L'affaire a commencé quand les enseignants responsables des commissions devant trancher sur l'accès au mastère ont rendu leur verdict. Au départ, il était question de dix-sept (17) postes. Au final, une quarantaine d'étudiants ont été retenus. Dans ce lot, selon le courriel proférant les menaces, certains ne sont pas méritants eu égard à leurs notes. On a crié au favoritisme et à son corollaire, la hogra. Première réaction, des enseignants responsables du mastère, pris de panique, ont présenté une démission collective. Une manière de pousser les responsables à assumer leurs responsabilités. Mais pour calmer les étudiants et les ramener à la raison, la direction de la faculté décide de permettre à tous les étudiants d'accéder au mastère. Ainsi, de dix-sept initialement, on est passé à quarante pour se retrouver en fin de compte avec plus de trois cents (300) étudiants admis. A-t-on les moyens matériels et surtout humains de prendre convenablement tout ce monde ? Si ce n'est pas le cas, on improvisera en colmatant les brèches par à-coups. En tout cas, la Faculté des sciences économiques donne l'exemple, la planification n'est pas un outil indispensable au fonctionnement des institutions. Devant cette situation ubuesque et au lieu de se poser les questions qui s'imposent, les enseignants et l'administration se rejettent la responsabilité. Pour le moment, c'est le chef de département, une femme, qui sert de bouc émissaire tout indiqué. On l'accuse de manque de poigne et on cherche à lui faire porter le chapeau. Par ce, on essaye de reléguer au second plan le fait que la liste initiale des étudiants devant accéder au mastère s'est multipliée par plus de deux, en fermant l'œil sur les mérites de ceux repêchés parce qu'ayant une relation avec tel ou tel membre de la commission. Une belle opportunité pour d'autres étudiants, dont certains affiliés à des organisations estudiantines partisanes, de recourir à la violence, verbale dans un premier stade, devenue seule forme de dialogue entre les protagonistes de la famille universitaire. D'un autre côté, cette affaire vient de révéler un autre aspect de la gouvernance de nos institutions : le recteur en premier lieu, et le doyen de la faculté, se déchargent des questions de gestion, surtout du facteur humain, en jetant en quelques sortes leurs subalternes, les chefs de département présentement, dans l'arène, face à un ogre qui profite de cette absence de gouvernance pour imposer sa loi. Surtout quand ce dernier se cache derrière l'étendard d'une formation politique nommée FLN ou RND. Quant à l'acquisition de la science et de la connaissance, ce n'est plus la préoccupation des étudiants.