Annoncé par le chef de l'Etat en 2005, le projet des 100 locaux commerciaux par commune, destiné à l'origine à résorber le chômage parmi les jeunes et contribuer à éradiquer le marché informel, semble, au bout de dix ans, aller tout droit vers l'échec. C'est du moins le constat du moment. Le projet ayant englouti plus de 40 milliards de centimes se trouve confronté, onze ans après son lancement, à des difficultés multiples nées d'une mauvaise gestion de ce dossier par les collectivités locales auxquelles il a été confié. Plus ou moins justifiées, ces difficultés ont pour conséquence majeure de générer le non-aboutissement d'un projet dont on espérait régler en partie les problèmes des jeunes, à savoir le chômage. Les services compétents de la wilaya ont, à la suite d'une enquête, établi en effet que la majorité des locaux commerciaux, aménagements finis ou non, sont à l'abandon. Pis encore, bon nombre sont livrés aux délinquants de tout acabit. Les enquêtes menées dans ce cadre révèlent une opacité qui entoure la prise en charge du volet distribution. Le nombre de plaintes et de recours enregistrés est assez éloquent à ce sujet. C'est dire aussi l'incapacité de beaucoup d'APC à gérer la question. Les «interventions» dont parlent certains plaignants ont fini par casser la force de loi prévalant dans ce genre de dossier. Qu'en en juge. Les dispositions légales stipulent que l'octroi d'un local commercial est destiné aux personnes handicapées et aux personnes productives âgées entre 18 et 50 ans et permettrait la création de 300 000 emplois. La loi a-t-elle été respectée dans sa rigueur ? La réalité penche pour une réponse négative. Le bénéficiaire est tenu de créer deux emplois au minimum, d'exploiter lui-même le local attribué et ne pas le céder en location à un tiers, de s'acquitter régulièrement des droits du contrat de bail et de sa formule de 3-6-9. Ces conditions, citées à titre indicatif et non exhaustif, ne sont pas toujours respectées, nous répond-on. C'est dans cette optique que la wilaya d'Alger, en collaboration avec le ministère du commerce, ont tancé les communes afin d'agir avec rigueur en adressant des mises en demeure aux bénéficiaires qui n'ont pas encore entamé leur activité commerciale à le faire sans plus tarder. Remise sur le tapis, cette question a souvent fait l'objet d'une interpellation du wali d'Alger par les intéressés. A son tour, le responsable a, à maintes reprises, indiqué aux P/APC d'accorder au dossier toute l'importance en prenant parallèlement les dispositions nécessaires à l'encontre des bénéficiaires récalcitrants allant jusqu'à résiliation du contrat et de faire bénéficier à la place de ces derniers des citoyens plus méritants. Cependant, en faisant la part des choses, il faut noter un certain nombre de contraintes exprimées aussi bien par les APC que les bénéficiaires. Pour les collectivités locales l'une des raisons essentielles à l'origine des retards qu'a connus ce projet, il y a lieu de citer la rareté du foncier qui a généré plusieurs fois son report. On parle aussi du non-branchement des locaux au réseau électrique, obligeant du coup les bénéficiaires à surseoir à toute activité. Certains confient avoir saisi à cet effet les parties concernées sans pour autant avoir de suite à leurs doléances. D'autres avouent ne pas rejoindre leurs locaux en raison de l'éloignement de ces derniers. Les APC, faute de foncier en milieu urbain, ont réalisé les locaux dans des zones retirées. C'est d'ailleurs une aubaine pour les délinquants d'y élire domicile en les transformant en lieux de débauche. A défaut, des inconscients et des ennemis de l'environnement en font des dépotoirs.