Dans une conjoncture économique difficile et politique très mouvementée, le front social bouge et annonce un bouillonnement dans les tout prochains jours. Plusieurs mouvements de protestation et de grève touchant plusieurs secteurs sont en effet annoncés, compliquant davantage la tâche des pouvoirs publics qui construisent un discours basé sur une stabilité de plus en plus précaire. Le secteur de l'éducation nationale qui vit depuis plus d'une décennie au rythme de grèves et de conflits entre les syndicats autonomes et le ministère de tutelle n'a pas retrouvé le calme qu'un autre mouvement de protestation est annoncé. Ainsi, au moment où la ministre, Nouria Benghebrit, mène une campagne contre la fraude à la veille des examens de fin d'année, la Coordination nationale des conseillers de l'éducation (CNCE), affiliée au Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), brandit la menace de grève. Dans le secteur de la santé, c'est le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), en grève cyclique depuis le 18 avril, qui a annoncé deux journées de grève pour les 17 et 23 mai, avec deux sit-in, le premier au CHU Mustapha-Pacha et le second devant le siège du ministère de tutelle. Ce syndicat réclame, entre autres, «la révision du statut particulier des médecins praticiens», «l'alignement entre ancien et nouveau diplômes pour médecin dentiste et pharmacien avec classification du doctorat sur la grille des salaires de la Fonction publique. Dans un courrier adressé à Abdelmalek Sellal, ce syndicat estime que les portes du dialogue sont fermées et dénonce certains blocages dont la non-application des clauses de l'accord signé entre les deux parties. Autre secteur, autres revendications. Les employés du secteur des finances annoncent, eux aussi, une grève illimitée à partir du 22 du mois en cours, initiée par l'Union nationale des travailleurs du secteur des finances (UNTF), pour réclamer la revalorisation du statut des fonctionnaires du secteur, un plan d'évolution de carrière et des primes. Cela au moment où le secteur des transports est paralysé depuis plusieurs jours par une grève d'une grande ampleur déclenchée par les cheminots. Cette grève des conducteurs de train, entamée depuis jeudi à Alger, Oran et Constantine, a causé des pertes à la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) estimées à 80% du chiffre d'affaires quotidien de la société, a indiqué à l'APS le directeur de l'inspection technique de la SNTF, Abdelmalek Hamzaoui. Malgré une reprise partielle du trafic sur les lignes de la banlieue d'Alger dans le cadre du service minimum assuré, le trafic ferroviaire reste quasiment paralysé suscitant un mécontentement général chez les clients de la SNTF qui ont été obligés de recourir aux autres moyens de transport. Le dialogue entre la tutelle et les grévistes n'a pas abouti alors que ces derniers sont toujours attachés à leurs revendications portant sur des garanties immédiates pour la révision de leur situation professionnelle. Tous ces secteurs ne sont pas les seuls à être concernés par la protestation. Les patriotes, qui ont observé plusieurs manifestations par le passé, risquent de revenir à la charge. Il y a quelques jours, une délégation composée de coordinateurs d'une trentaine de wilayas de l'Organisation nationale des patriotes s'est déplacée au domicile de l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, à Batna. Ils sollicitent son intervention auprès des autorités militaires du pays pour la prise en charge de leurs doléances, relatives au statut et à l'amélioration des leurs conditions sociales.