Classée en 1950 et portée sur la liste du patrimoine national en janvier 1968, la ville archéologique Tobna, dans la wilaya de Batna, demeure dans l'oubli en dépit de son glorieux passé. Selon plusieurs sources historiques, la construction de cette cité remonte au IIe siècle. Les ruines de la partie visible de cette cité ont disparu sous l'effet des éléments de la nature et des actes de pillage, assurent des habitants de la région. Aujourd'hui, ce qui reste de cette prestigieuse ville est enseveli sous terre, attendant les fouilles pour livrer ses secrets. Tobna a été mentionnée pour la première fois par les sources de l'antiquité sous la dénomination de Thubunae. Pline l'Ancien (23 av. JC) dans son livre Histoire naturelle, la désigne par Tuben oppidun, qui signifie ville fortifiée. C'est son nom durant la période de l'occupation romaine et byzantine. Après la conquête islamique, cette appellation devient, par glissement phonétique, Tobna. Occupant une aire de 70 hectares, elle fut, selon certaines sources, la capitale du Zab qui s'étendait entre les monts des Zibans du côté de l'actuelle Biskra jusqu'aux massifs des Aurès, du VIIIe siècle à la fondation de la ville de M'sila, vers 1017, par la dynastie Hammadite qui avait annexé Tobna à ses territoires. Le service du patrimoine de la direction de la culture assure que le site de Tobna, sous terre, renferme des ruines romaines et islamiques dont un «merveilleux» palais de la dynastie Ziride. La délimitation des contours de la ville et l'engagement de mesures d'urgence pour stopper sa dégradation constituent des «impératifs», estime le directeur de la culture, Omar Kebbour, qui souligne que la première phase de l'étude sur le site a été terminée en 2012. Elle sera suivie «prochainement» par la seconde phase qui permettra de mieux connaître «le contenu» du site dont la partie apparente ne rend nullement compte. La direction de la culture a, entre-temps, agi et convenu avec l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (OGEBC) d'affecter 4 à 5 gardiens pour surveiller le site et signaler d'éventuelles extensions urbaines ou tentatives de pillage, assure M. Kebbour. La réalisation d'une clôture ne peut être actuellement envisagée faute de délimitation du site, a ajouté le directeur de la culture, qui a fait état d'un projet de fouilles à soumettre «avant fin 2016» au ministère de la Culture. Le projet, proposé aux deux archéologues Fellah Mohamed Mostefa et Mahfoudh Ferroukhi et leurs équipes qui ont réalisé un travail similaire à Tahouda, wilaya de Biskra, pourrait être mis en œuvre début 2017, ajoute ce responsable. Ces fouilles seront longues et les découvertes, lorsqu'elles sont effectuées, seront présentées au public lors de rencontres et feront l'objet de publications, a indiqué M. Kebbour, qui a insisté sur l'implication de l'Institut d'archéologie de l'université et de ses étudiants dans ce projet. Le mouvement associatif s'est également impliqué dans cet effort de préservation de cette cité archéologique. C'est le cas de l'association Tawassol pour la culture et l'information de Barika qui vient d'organiser un séminaire sur «Tobna, entre passé prestigieux et présent enfoui».