Aujourd'hui, c'est la journée des artistes. Elle coïncide avec la commémoration de l'exécution par l'armée française du chahid Ali Mâachi. Ce grand chanteur et moudjahid avait été exécuté par pendaison, le 8 juin 1958 avec ses deux amis et moudjahidine Djilali Bensotra et Mohamed Djahlene. En ce jour que les habitants de Tiaret n'oublieront jamais, les soldats français croyaient donner un exemple pour faire peur à la population de cette ville en exécutant les trois moudjahidine par pendaison au niveau de l'ex-place Carnot baptisée au lendemain de l'indépendance au nom de Ali Maachi. Ce technicien de la radio algérienne qui avait décidé de mettre sa belle voix au service de la révolution était parmi les meilleurs chanteurs de l'époque et avait eu un grand succès Angham El Djazaïr, chanson reprise plus tard par d'autres chanteurs, notamment par la défunte Noura. Le journaliste et écrivain Amar Belkhodja, auteur d'un livre biographique intitulé Ali Mâachi 1927- 1958 - art et combat avait rappelé lors d'une conférence sur la vie de l'artiste notamment son combat pour l'indépendance de l'Algérie et son exécution le 8 juin 1958 avec deux de ses amis moudjahidine Djilali Bensotra et Mohamed Djahlene, les actes barbares des soldats français qui avaient ramené les trois chouhada dont Ali Mâachi sur la place des martyrs de Tiaret et les pendre à des platanes. L'armée française, avait indiqué Belkhodja, a opté pour la méthode du spectacle afin de faire peur aux algériens. De telles exécutions en public avaient déjà eu lieu dans d'autres villes d'Algérie telles que Khemis Miliana, Sougueur et Berrouaghia. Il faut dire que la vie artistique de Mâachi était indissociable de sa vie militante, comme beaucoup d'artistes tels que les comédiens Sid Ali Haouat dit Fernandel, et Mohamed Touri qui mourut suite aux tortures des soldats français. Madjid Redha et bien d'autres Beaucoup d'artistes comme Ali Maachi ont choisi de mourir en défendant l'Algérie contre le colonialisme français. Madjid Redha est tombé au champ d'honneur les armes à la main et son frère Habib avait été condamné à mort. Rachid Bachtobdji est également tombé au champ d'honneur durant la guerre de libération. Il faut rappeler également le militantisme de grands hommes tels que Abderrahmane Laghouati qui avait réalisé le premier enregistrement du chant national Qassaman aux côtés d'autres grands hommes, notamment Moufdi Zakaria, Lakhdar Rebbah et Abdelkader Marouf. Selon une source proche de ces militants, ce jour-là, Abderrahmane Laghouati aurait proposé de passer l'enregistrement en direct sur la radio de la RTF. Il fut, selon la même source, dissuadé juste pour éviter les massacres qu'auraient pu faire les soldats et les colons français contre la population algérienne. On devrait aussi noter que des artistes tel que Hassan El Hassani, Tayeb Abou El Hassan et bien d'autres avaient été internés dans les camps de concentration de Beni Messous, Tefechoun, Paul- Cazelles etc., pour leur combat contre la France. Et les hommes d'affaires ? Comme chaque année, les artistes se rencontrent aujourd'hui pour se souvenir parler de leur situation et surtout du statut de l'artiste qui, malgré l'octroi de la carte d'artiste reste un rêve. Aujourd' hui, le temps est au bilan et beaucoup d'artistes ont compris qu'il vaut mieux des décisions rapides et concrètes. En effet, il faut revenir à certaines vérités et se demander à quoi servirait un statut qui ne donnerait pas le droit aux vrais artistes d'avoir la garantie d'une retraite honorable. A ce jour, on se demande encore qui pourrait avoir le titre d'artiste pour profiter de certains droits. Au lieu de penser à ce sujet, il vaut mieux voir ce qui a été réellement fait à ce jour. En effet, il ne faut pas oublier que malgré les lacunes, un grand travail est entrain de se faire. Dans certains domaines, on sent bien que les choses ont bougé ces dernières années. Pour ce qui est du domaine artistique, on voit bien que les chanteurs ont plus de chances de donner des concerts. Pour le cinéma, et le théâtre, on attend toujours la rénovation des salles existantes et la construction de nouvelles mais on sent qu'il y' a un certain dynamisme notamment avec l'organisation des nombreux festivals nationaux et internationaux. Les échanges inter- wilayas permettent aussi aux artistes d'avoir de l'espoir. Pour ce qui est de la peinture, ces dernières années, l'Algérie n'a jamais connu autant d'expositions notamment au niveau de la capitale. Si d'un côté, on demande la restauration des salles de spectacles il faut noter que qu'en réalité, ce pas le rôle de l'Etat de construire des salles ordinaires ni celui de les gérer. L'Etat pourrait seulement encourager les gens à investir dans l'art et gérer des institutions de contrôle tel que les impôts et l' ONDA. Enfin, les artistes ne devraient pas compter uniquement sur l'aide de l'Etat. Il y' a des gens pour investir et dans le monde de l'art, il y' a de l'argent à gagner. Alors, qu'attendent les hommes d'affaires pour créer des agences artistiques et construire des salles de spectacles et de cinéma ?