Comme attendu, les partis de l'opposition siégeant à l'APN ont violemment critiqué le projet de loi de finances 2017, dénonçant une feuille de route qui s'en prend aux poches des citoyens et des couches pauvres de la société. Hier, au premier jour des débats ouverts à la chambre basse du Parlement, les députés de l'opposition n'ont pas mâché leurs mots, pointant du doigt l'échec du gouvernement à affronter la crise. «Un gouvernement battu par un sachet de lait ne peut affronter une crise de l'ampleur de celle que vit l'Algérie», a lâché Lakhdar Benkhellaf, député du Front pour la justice et le développement (FJD). Dans une intervention virulente, le député du parti de Abdallah Djaballah accuse l'Exécutif de vouloir, à travers ce projet, «faire porter le fardeau de la crise aux citoyens suite à des politiques qui ont prouvé leur échec durant les deux dernières décennies». «L'austérité n'a touché que les couches défavorisées de la société pour combler le recul de la fiscalité pétrolière en augmentant les prix des carburants, la TVA ainsi que de nouvelles taxes sur l'électroménager, le chargement mobile…», a encore asséné le parlementaire. Les mesures contenues dans ce projet, estime-t-il, «sont une fuite en avant et un saut vers l'inconnu». Rappelant au gouvernement du Premier ministre qu'il avait essayé toutes les solutions «en dévaluant le dinar, en puisant dans les réserves de change, en vidant le FRR, en annulant les projets, en diminuant les budgets des entreprises et en gelant les projets de logements», le député d'El Adala pense que l'élaboration du PLF 2017 avec un prix de référence à 50 dollars le baril du pétrole «prépare le pays à l'endettement extérieur et met en péril la souveraineté de l'Etat». Menaces sur la souveraineté Regrettant que le projet sera adopté sans surprise, «le gouvernement, accuse Belkhellaf, a profité des élections prévues l'année prochaine pour faire passer tout ce qu'il veut, sachant que les députés de la majorité qui veulent briguer un autre mandat ne lui refuseront rien». Pour sa part, Nadia Chouitem, du Parti des travailleurs (PT), accuse le gouvernement de déclarer la guerre aux citoyens : «Après avoir imposé l'austérité tous azimuts au peuple en 2016, le gouvernement poursuit sa politique en déclarant la guerre à la majorité des couches de la société», a-t-elle dit dans son intervention. La députée du parti de Louisa Hanoune critique «une austérité dans tous les secteurs, une suspension de la machine de production à travers 5000 projets gelés, notamment des hôpitaux, un gel des recrutements et des salaires, en plus de taxes supplémentaires pour les citoyens». Pire, le PLF 2017 contient des mesures inhumaines de l'avis de Chouitem, qui se demande «comment aller vers des augmentations sur les prix de l'électricité, des carburants et du gaz, et même sur les matériaux médicaux des malades et des handicapés tels que les aveugles ?» Nadia Chouitem se dit «consternée» que le gouvernement reste insensible aux protestations sociales, à la révolte des habitants du sud contre les factures d'électricité, aux grèves qui touchent la SNVI et à plusieurs secteurs de la Fonction publique à cause de la révision du régime des retraites. «Le comble dans tout ça, ajoute-t-elle, est que le Premier ministre déclare que l'endettement extérieur ne menace pas la souveraineté du pays». Et de trancher : «Aucun endettement n'est sans conséquences sur la souveraineté». Le FLN et le RND applaudissent A l'opposé, les députés de la majorité ont défendu la feuille de route du gouvernement, annonçant que le projet sera voté sans surprise. Baha Eddine Tliba du FLN a estimé que le PLF qui constitue «une vision prospective pour les 3 prochaines années, libère les initiatives et lève les contraintes sur l'investissement», comme «il préserve les transferts sociaux, loin de tout populisme». Salah Eddine Dekhili du RND, a de son côté, plaidé en faveur de l'augmentation des taxes car, a-t-il estimé, «il n'y a pas d'autre choix que d'augmenter les taxes, au risque d'aller vers l'endettement extérieur». Le député du parti d'Ouyahia dira que tous les pronostics d'experts assurent que le prix du pétrole ne dépassera pas les 55 dollars durant les prochaines années. «D'où cette orientation du gouvernement, malgré le maintien de la politique de solidarité nationale, de l'ordre de 23% en termes de transferts sociaux». Pourtant, «l'Exécutif doit avoir plus d'audace en allant vers le ciblage des subventions et du soutien à ceux qui les méritent uniquement», a-t-il ajouté. A signaler que les débats en plénière se poursuivent aujourd'hui, en attendant la séance de vote prévue le 22 novembre.