Les mesures contenues dans la loi de finances 2017 ont amené des commerçants véreux à procéder à des augmentations de coûts avant l'heure. Si certains se sont lancés dans une spéculation effrénée, stockant des produits pour les revendre à des prix indexés sur les nouvelles taxes, d'autres annoncent une grève générale dès le début de janvier pour protester contre les nouvelles mesures d'«austérité». Une annonce que le président de l'association nationale des commerçants (ANC), El Hadj Tahar Boulanouar, réfute catégoriquement. «Aucune grève n'est prévue par les commerçants», a-t-il coupé court à la rumeur qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Pour lui, cette rumeur est une façon de manipuler les citoyens afin d'augmenter la demande sur certains produits. «Certaines parties ont véhiculé ce mensonge pour liquider leurs stocks de marchandises», a-t-il estimé. En ce qui concerne la hausse des prix prévue pour l'année prochaine, El hadj Boulanouar a tenu à éclaircir les choses : «Des augmentations sont prévues, certes, mais elles ne dépasseront pas les 3%, contrairement à ce que certaines parties racontent», a-t-il précisé, ajoutant que cette hausse ne surviendra pas au premier mais au deuxième semestre 2017, car, explique notre interlocuteur, la majorité des fournisseurs et commerçants ne vont pas renouveler leurs stocks. Ils possèdent déjà un stock de produits qui peut tenir au minimum 6 mois. Autrement dit, ils ne vont pas payer les nouvelles taxes relatives au transport des marchandises et à l'importation des matières premières. L'intervenant promet même une baisse des prix de certains fruits et légumes car, explique-t-il, de nouvelles récoltes vont entrer sur le marché et le commerçant n'aura pas d'autre choix que de baisser les tarifs des produits déjà en vente. Interrogé sur la hausse des prix «injustifiée» de certains produits alimentaires à la veille de la LF 2017, le président de l'ANC blanchit les commerçants qui n'ont, selon lui, rien à voir avec ces augmentations. Il pointe du doigt les grossistes et les distributeurs. «Quand le commerçant de détail achète ces produits plus cher, c'est tout à fait normal qu'ils les revende plus cher», a-t-il justifié. Pour éviter que ce scénario ne se répète, El hadj Boulanouar appelle à la nécessité de soumettre les fournisseurs et distributeurs à l'obligation d'informer les médias, les citoyens et les commerçants d'une quelconque nouvelle augmentation des prix. Il a mis l'accent sur l'urgence d'exploiter tous les espaces fermés pour combler le déficit des marchés de proximité qui favorise la spéculation. Le même responsable annonce qu'une réunion est prévue à la fin du mois de janvier avec le ministre du commerce pour lui soumettre toutes ces doléances. Hausse des prix de 10% dès 2017 Pour sa part, l'expert économiste et président d'Algérie conseil export, Smaïn Lalmas avertit sur les retombées négatives de la LF 2017. Le premier à être touché est selon lui le citoyen qui va payer deux fois plus cher tout ce qu'il consomme. La hausse des prix prévue dépassera largement les 3%, contrairement à ce qu'a affirmé Boulanouar, car «70% des produits consommés en Algérie sont importés. Qui dit importation dit taxe et dévaluation du dinar», a-expliqué l'expert. Aussi, si on additionne toutes les nouvelles taxes imposées par LF 2017 (taxe sur l'immobilier, taxe sur le transport…) la hausse des prix dépassera les 10%, selon Lalmas. Abordant par ailleurs l'export hors hydrocarbures en Algérie, le même responsable déplore le fait qu'il n'y ait pas une véritable stratégie pour faire évoluer ce secteur. Il cite l'urgence d'élaborer une étude des marchés internationaux. «Pour exporter, on doit savoir quoi exporter. Pour qui exporter ? Et comment exporter?» a-t-il dit. Il a également insisté sur l'accompagnement des investisseurs qui souhaitent activer dans ce créneau.