Le gouvernement veut faire la paix avec l'intersyndicale. Après avoir été longtemps marginalisés, les syndicats autonomes des différents secteurs, notamment l'éducation et la santé, ont été conviés hier par le ministre du travail au dialogue sur les prochains projets de loi, notamment le code du travail. «Il faut ouvrir une nouvelle page et regarder vers l'avenir. Beaucoup de chantiers sont à ouvrir cette année et je compte sur votre totale coopération». C'est avec ces mots que le ministre du travail, Mohamed El Ghazi, a ouvert hier la journée d'information sur le monde du travail dédiée aux syndicats autonomes. C'est un message de paix et d'espoir qu'a voulu lancer le ministre à ses invités. Au cours de son discours, il n'a pas cessé de souligner l'importance d'un dialogue transparent avec les partenaires sociaux sur les différentes questions qui les concernent. «La porte du dialogue sera toujours ouverte pour vous. Ce n'est qu'avec la communication qu'on pourra régler les conflits», a-t-il dit. El Ghazi a invité les syndicalistes à chasser les idées noires et à faire confiance à son département qui ne reculera devant rien pour garantir les droits des travailleurs. Il a également appelé à la sagesse et à la raison pour régler les différents problèmes que connaît son secteur. A cet effet, El Ghazi promet de transmettre toutes les revendications des syndicats au premier ministre. Il s'engage en outre à associer l'intersyndicale dans le projet de réforme du code du travail. «Pour le moment, nous n'avons encore rien fait à ce sujet. Nous attendons vos propositions pour pouvoir trancher sur cette question», leur a-t-il lancé. Il assure que le nouveau code du travail préservera les droits fondamentaux des travailleurs et qu'aucun des partenaires sociaux ne sera marginalisé lors du débat dédié à ce sujet. Les syndicats campent sur leurs positions De leur côté, les syndicalistes se sont montrés «rancuniers» à l'égard du ministre du travail. Ces derniers refusent d'oublier le passé, notamment l'épisode où ils ont été marginalisés lors de l'élaboration de la nouvelle loi sur la retraite. «Vous avez supprimé le décret 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d'âge et ce, sans demander notre avis. Vous nous avez marginalisés alors que nous représentons un grand nombre de fonctionnaires du pays», a lancé Meziane Meriane, porte-parole du Snapest. Il n'a pas manqué de rappeler le mépris dont il a été victime ainsi que ses confrères. «La pire marginalisation que nous avons vécue est celle où nous avons été exclus du débat avec la commission sociale de l'APN sur la nouvelle loi sur la retraite», a-t-il dit. L'appel au dialogue qu'a lancé le ministre est, selon lui, purement conjoncturel. «Il faut une réelle volonté politique pour engager un débat sincère et non pas un débat selon la conjoncture», a-t-il martelé, ajoutant : «Notre position au sujet de la retraite est claire et nous ne reviendrons pas dessus». «Les portes du dialogue sont ouvertes seulement quand il y a une pression et un risque d'explosion sociale», a fait remarquer pour sa part Idir Achour, représentant du conseil des lycées d'Algérie (CLA). Dans son intervention, il a dit clairement que le gouvernement a deux possibilités : aller vers des concertations transparentes avec les partenaires sociaux pour des résultats concrets, ou se retrouver en conflit permanent avec les syndicats, ce qui n'apportera rien de bon pour le pays. Pour sa part, le syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) demande à ce qu'il y ait une réelle liberté syndicale avant de parler d'un dialogue transparent. «A chaque annonce de grève, nous risquons une poursuite en justice alors que c'est un droit constitutionnel», dénonce le Dr Lyes Merabet, président du SNPSP. Plusieurs médecins sont, selon lui, suspendus de leurs fonctions de manière abusive. Merabet plaide pour un dialogue constructif, mais surtout un dialogue qui réponde aux préoccupations des travailleurs, notamment la nouvelle loi sur la retraite et l'amélioration du pouvoir d'achat qui ne cesse de dégringoler depuis la promulgation de la loi de finances 2017.