Au moment où le gouvernement tente l'apaisement avec les syndicats autonomes en ouvrant une autre page basée sur le dialogue et la concertation, le patron de la Centrale syndicale fait dans le discrédit. Sidi Saïd est-il pris de panique ? C'est en tout cas l'impression que donnent ses propos tenus mardi, à l'ouverture de la session ordinaire du secrétariat général de la Confédération internationale des syndicats des travailleurs arabes (Cisa), organisée à Alger. Le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a accusé les syndicats autonomes de «complicité avec le Bureau international du travail (BIT) pour déstabiliser l'Algérie». Tout en défendant son organisation qui, selon lui, «a fait face aux complots des puissances étrangères visant les peuples des pays arabes», il a qualifié les syndicats du pluralisme de «traîtres». Des déclarations, le moins que l'on puisse dire graves, diffamatoires, et qui vont à l'encontre de la politique des pouvoirs publics qui tendent la main à ces mêmes syndicats. Bien que pour certains syndicats, la cible de Sidi Saïd semble être claire, puisqu'il s'agit, disent-ils, du Snapap, ce n'est pas pour autant qu'ils restent insensibles ou cautionnent de tels propos. Appelant «ceux qui se sentent concernés à réagir», Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), estime que les déclarations du patron de l'UGTA «sont vides de sens et nous éloignent de l'essentiel». Joint par nos soins, le Dr Merabet qualifie d'«inappropriée» l'accusation de Sidi Saïd, avant de défendre le droit de chaque syndicat d'agir dans l'intérêt des travailleurs. «Le fait de saisir le BIT sur des questions qui relèvent du droit des travailleurs, de l'exercice syndical, de la conformité des textes de lois par rapport aux conventions ratifiées etc., n'est pas une trahison», soutient-il. Le Snpsp, explique son président, «est pourtant pour le combat sur le terrain» et «n'est ni pour ceux qui se sont éloignés des travailleurs pour consolider leur statut social de privilèges, ni ceux qui s'y sont installés définitivement et qui servent, sans le vouloir peut-être, de rampes de lancement pour tirer de l'étranger sur l'Etat algérien». De son côté, Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), juge «condamnables» ces propos «s'ils visaient les syndicats autonomes de manière générale», insiste-t-il. Ceci dit, ajoute notre interlocuteur, «il faut faire preuve d'un peu de retenue dans l'exercice syndical car personne n'a de leçons à recevoir de quiconque». Si la main étrangère que brandissent à chaque fois les officiels et leurs soutiens existe vraiment, «elle se trouve à l'intérieur du pays», pense M. Meriane. Pour lui, «cette main ne peut qu'être la conséquence des politiques anti-ouvrières et non pas la cause». Idir Achour, lui, qualifie de «discours classique et stérile» les propos de secrétaire général de l'UGTA. Le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) appelle le concerné «à faire preuve de courage, de préciser ses accusations et d'apporter des preuves». Pour Idir Achour, bien que la volonté du gouvernement de reconnaître les syndicats autonomes «reste à prouver par des actes», Abdelmadjid Sidi Saïd «est dérangé». «Il panique. Mais je lui dis que le temps de mère des syndicats est révolu», ajoute le syndicaliste, défendant les organisations autonomes, «désormais représentatives et qui ne se soucient que de l'intérêt des travailleurs».