Le long métrage Ben Badis, du réalisateur syrien Basil Alkhatib, a été projeté en avant-première, dans la soirée de mercredi dernièr, à l'Opéra Boualem-Bessaïah d'Alger. Le film relate la vie et leparcours du fondateur de l'Association des oulémas algériens en 1931, Cheikh Abdelhamid Ben Badis. Ce film, produit par le Centre algérien du développement du cinéma (CADC), dans le cadre de «Constantine, capitale de la culture arabe» est réalisé par le Syrien Basil Alkhatib, d'après un scénario de Rabeh Drif. La musique du film est composée par l'Algérien Salim Dada. Ce long métrage met en lumière les épisodes les plus marquants de la vie de Cheikh Ben Badis, son enfance, ses études à Constantine puis en Tunisie et son voyage aux lieux saints de l'Islam. Ben Badis a voué sa vie, après son retour au pays en 1913, à l'enseignement et à la propagation du savoir. Connu pour être un des fervents réformistes musulmans algériens, Ben Badis a fondé l'Association des oulémas algériens contre vents et marées. Il est notamment ciblé par des attaques du courant conservateur, mais aussi et surtout, vu comme une menace par le colonisateur français. Le rôle principal du film est joué par le talentueux Youcef Sehaïri. Ce jeune acteur algérien pétri de talents a donné une grande consistance au premier personnage du film. Après avoir interprété brillament le colonel Lotfi dans le long métrage d'Ahmed Rachedi, et dans beaucoup d'autres films, Sehaïri confirme, encore une fois de plus, ses grands talents dans le 7e art qui le destinent pour un avenir des plus prometteurs. Dans Ben Badis, il est secondé par la charmante actrice constantinoise Sara Lalami. Celle-ci a interprété le rôle de l'épouse de Cheikh Abdelhamid Ben Badis. Ayant joué dans plusieurs séries télévisées et longs métrages avec de grands noms du cinéma algérien, Sara Lalami a superbement assuré son rôle dans ce nouveau film. Seulement, sur le plan technique, le film est plein de plans et séquences «dynamiques». Le spectateur a l'impression de voir un feuilleton, plutôt qu'un long métrage. C'est d'ailleurs dans ce registre de cinéma que le réalisateur syrien est connu, non dans le long métrage, ce qui est facilement reconnaissable dans ce film. Le choix des costumes des autres acteurs algériens que l'acteur principal peut amener à se poser, également, des questions sur les lieux du déroulement de l'histoire. En effet, un téléspectateur non averti comprendrait que l'histoire se déroule dans les pays du Moyen-Orient, et non en Afrique du Nord. Mis à part la tenue traditionnelle des femmes constantinoises «Mlaya», rien n'indique dans les tenues des acteurs que l'histoire est algérienne. Les hommes habillés en turbans arabes et portant des longues barbes ressemblent, à s'y méprendre, aux prêcheurs salafistes ayant pignon sur les chaînes satellitaires. Le scénario est bien ficelé, avec des échanges subtils et instructifs entre les acteurs. Les dialogues du film sont déclinés en trois langues : l'arabe algérien, avec un accent de la région de Constantine, l'arabe classique et le français. Mais le scénariste Rabeh Dris n'a pas jugé utile de mentionner, même de la manière la plus furtive qui soit, que Cheikh Abdelhamid Ben Badis est issu d'une tribu amazighe des Zirides. Ce qui va dans le même sens que le plan technique pour dénuer le film de son algerianité. Oubli involontaire ou volonté de déni ? La question reste posée. Fiction Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, a déclaré, à l'issue de la projection à l'Opéra d'Alger qu'il est «plus que satisfait de ce film». Il rappelle que ce long métrage «est une fiction qui raconte certains épisodes forts de la vie du Cheikh Abdelhamid Ben Badis. Ce n'est pas un film historique. Il envoie un message culturel ou artistique», dit-il. Celui-ci a tenu à saluer toute l'équipe, notamment les acteurs d'avoir donné le meilleur d'eux-mêmes. Le ministre de la Culture affirme que ce film sera projeté par l'ONCI, qui dispose de moyens de projection modernes tout au long du mois sacré de Ramadhan, à travers le pays.