Après des années d'absence, les médecins résidents du territoire national se restructurent et décident d'entamer un vaste mouvement. Dès demain, les hôpitaux seront paralysés par une grève de deux jours. Un débrayage cyclique à travers lequel le revenant Camra (Collectif autonome des médecins résidents algériens) entend faire valoir ses droits, notamment l'abrogation du service civil et la révision du statut général du résident. Dans un préavis de grève envoyé à différents services de départements ministériels ainsi qu'au bureau du Premier ministre, le Camra a décidé d'un «mouvement cyclique de deux jours consécutifs», à partir d'aujourd'hui et demain, et ce, jusqu'à satisfaction des revendications qu'il estime «légitimes». Comme en 2011, la principale revendication n'est autre que «l'abrogation totale du service civil dans sa forme actuelle». Un système voué à «l'échec», explique le collectif, dénonçant «les conditions désastreuses dans lesquelles exercent les médecins spécialistes», qui souvent sont «atteints dans leur dignité et citoyenneté». Qui ne se souvient pas de la grève illimitée de mars, avril et mai 2011 qui a fini par une grandiose marche des médecins résidents vers le palais d'El Mouradia, pour réclamer la suppression du service civil ? Une action qui restée dans les annales, vu la mobilisation des blouses blanches et l'élan de solidarité qu'ils ont réussi à susciter au sein de la société civile. Les membres du Camra version 2017 semblent déterminés à poursuivre le combat suspendu de leurs aînés. Et c'est bien parti pour eux, puisque l'adhésion à l'appel à la grève ne cesse de s'élargir de jour en jour à travers les réseaux sociaux. En effet, seule «l'activité de garde» sera assurée aujourd'hui et demain à travers les structures sanitaires du pays, ce qui paralysera beaucoup de services et entravera l'accueil des patients. Outre le service civil qui doit être abrogé «en mettant en place notamment des mesures incitatives sur le plan financier et matériel pour attirer volontairement les spécialistes», le Camra appelle à l'application de l'article 32 du chapitre IV de la Constitution pour pourvoir «bénéficier de la dispense du service militaire». Les médecins résidents appellent par ailleurs à la révision de leur statut général ainsi qu'à l'amélioration des conditions de travail. Sur ce, le Camra décrit une situation catastrophique caractérisée par «l'absence de sécurité et de protection dans l'exercice de leurs fonctions», surtout au sein des établissements publics, mais aussi «l'absence de toutes mesures de la part des autorités compétentes» pour un meilleur déroulement du travail. Deux autres points sont inscrits dans la plateforme de revendications des médecins résidents. Il s'agit de «l'annulation des examens sanctionnant les intercalaires jusqu'à l'application des réformes» de la formation selon les objectifs du carnet de stage, et de «l'obtention du droit bafoué aux œuvres sociales avec un effet rétroactif». À signaler que l'arrêt de travail des médecins résidents aujourd'hui et demain concerne plusieurs activités. Ainsi, ni les consultations, ni la participation dans les activités de bloc ni les vacations ne seront assurées. Des piquets de grève avec port de blouse se tiendront devant l'administration des établissements de santé. Etant donné que les résidents représentent une grande partie du corps médical, l'on imagine d'ores et déjà la difficulté d'assurer un bon fonctionnement de la prise en charge des malades durant ces deux jours. Si la mobilisation est au rendez-vous, ce sera le début d'un véritable casse-tête pour le ministère de la Santé, qui a rappelé hier dans un communiqué que les portes du dialogue sont ouvertes et que Hasbellaoui allait recevoir «les représentant dûment mandatés des résidents», et de manière générale pour le gouvernement. Aïssa Moussi