Les à-peu-près, les improvisations, les avancées et reculs en matière économique font-ils désormais partie du passé en Algérie ? Autrement dit, et découlant en droite ligne de la nouvelle philosophie dite du «patriotisme économique», l'Algérie est-elle enfin parvenue à clarifier et orienter sa vision de la chose économique ? En plus clair, le pays est-il en train de se doter d'une doctrine de gestion et de développement économique ? C'est l'avis, en tous les cas, d'un internaute à la lecture d'un article prémonitoire non signé, que nous évoquerons par la suite, paru dans le quotidien El Moudjahid au mois d'octobre 2008. L'internaute tranche de manière péremptoire : «Le patriotisme économique a commencé avant la débâcle mondiale, il se poursuivra débâcle mondiale aidant.» Cet article, comme on le verra, prouve déjà en lui-même que le pays dispose d'analystes pertinents, et remet en mémoire un non moins fameux article paru au début des années 80 dans l'hebdomadaire Algérie Actualités, qui annonçait la crise financière actuelle car l'économie mondiale fonctionnait de manière spéculative et s'éloignait dangereusement de l'économie réelle. L'attaque de l'article d'El Moudjahid est ferme et nette : «Des mesures à caractère économique et financier ont été prises ces dernières années. Pour les observateurs avertis, il y a là, incontestablement, une nouvelle doctrine économique et sociale qui se met progressivement en place. La colonne vertébrale de cette doctrine est la réaffirmation de l'autorité et le rôle de l'Etat.» Et l'auteur, malheureusement anonyme, d'en tirer une première conclusion : «Les principes de l'économie de marché, en général, et les réformes, en particulier, sont remis dans le moule de la rationalité et des intérêts supérieurs de l'Etat et de la Nation.» Notre auteur dénonce avec énergie les tares qui ont empêché jusqu'à présent le déploiement de l'économie : «Le laxisme, la gabegie et autres dérives sont désormais bannis. Il fallait absolument donner un coup d'arrêt aux pratiques illicites qui ont gangrené l'économie nationale. On a trop souvent confondu création de richesses et spéculation.»Et ce n'est pas de cette manière que le pays pouvait espérer devenir émergent, produisant et exportant. Et vient la conclusion aussi belle que juste : «Il y a là une heureuse prise de conscience pour mettre l'Algérie sur la voie du développement durable pour créer des richesses et non celle du bazar livré aux rapaces.» Maintenant qu'une doctrine cohérente est annoncée, il faudra peut-être attendre qu'elle devienne visible et qu'elle s'incarne dans une stratégie, laquelle elle-même devra s'inscrire en résultats probants dans le champ de l'économie réelle.