L'abondance des viandes rouges n'a toujours pas réussi à influer sur les prix de vente qui restent élevés, notamment au niveau des grandes villes, frôlant les 950 DA. Cela serait dû en partie à la spéculation que connaît ce secteur. Un grand écart est constaté sur les prix de ces mêmes produits, comparativement avec les wilayas de l'intérieur du pays comme Djelfa et M'sila où les prix affichés ne dépassent pas les 450 DA/kg. Une hausse de 22% sur les prix de la viande de mouton a été enregistrée au cours des six premiers mois de l'année 2009, comparativement à la même période de l'année écoulée, indique l'Office national des statistiques (ONS). Cette situation remet en cause les aides de l'Etat destinées à la filière d'élevage bovin et ovin qui ne semblent profiter qu'aux seuls spéculateurs. «Ce n'est plus la loi de l'offre et de la demande qui régule le marché», regrette Gaïd Salah, président de l'Union nationale des paysans libres. L'importance du cheptel enregistrée cette année, les éleveurs qui sont obligés d'en sacrifier une partie ne se reflètent pas concrètement sur la chaîne qui continue à subir le diktat des intermédiaires. La disponibilité de l'aliment a été favorisée par une bonne pluviosité conjuguée au soutien de l'Etat pour l'acquisition de l'aliment à travers la suppression des taxes fiscales. Or, les quantités injectées sur le marché ne sont pas à la portée de toutes les bourses, dénonce Gaïd Salah. «Le soutien de l'Etat est censé avoir un impact direct sur les bourses», a-t-il remarqué, interpellant, à cet effet, les services du ministère du commerce pour effectuer des contrôles afin de contrer cette envolée des prix injustifiée et mettre un terme au diktat des spéculateurs. Notre interlocuteur saisit également l'occasion pour dénoncer la contrebande qui s'est élargie aux viandes rouges au niveau des frontières. La faiblesse de la monnaie nationale ne fait qu'aggraver la situation, puisque la contrebande profite encore une fois aux spéculateurs. La spéculation prend de l'ampleur Le phénomène de la spéculation s'accentuera probablement au cours de la première semaine du mois de Ramadhan, ce qui explique la flambée des prix cyclique au cours de la même période de chaque année. Le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) pour les viandes devait être installé cet été, mais jusque-là, il reste au stade de projet. Des efforts sont entrepris pour augmenter les capacités de stockage frigorifique. Des opérations de réhabilitation des outils de stockage sont en cours pour disposer de 21 entrepôts frigorifiques. Un réseau d'abattoirs régionaux et avicoles est en cours de mise en place. L'opération de régulation sera confiée à la Société de gestion des participations de l'Etat Proda qui pilotera l'opération de régulation du marché algérien de la viande. Cette entreprise devra faire une offre d'achat pour les gros éleveurs de moutons. Elle mettra à leur disposition des «tunnels de congélation» où ils pourront stocker les carcasses de moutons abattus, en attendant leur commercialisation. Tout en préservant le pouvoir d'achat des consommateurs, ce dispositif permettra aux éleveurs d'échapper au spectre de la chute des cours ou de l'emprise des spéculateurs. Le système de régulation qu'introduira la SGP Proda permettra de proposer un nombre important de moutons, engraissés dans les espaces d'élevage de cette société, à l'occasion de la flambée des prix sur pied ou sur les étals des bouchers.