Les mesures prises par l'Algérie dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009 ont fait réagir, hier, les opérateurs français. L'union maritime et fluviale Marseille-Fos a demandé aux pouvoirs publics et économiques de l'Hexagone d'intervenir afin d'entamer des négociations pour que «soient trouvées des solutions intermédiaires à ces mesures radicales qui pénalisent l'Algérie comme la France». En effet, dans un communiqué publié hier, l'Union maritime et fluviale Marseille-Fos a souligné avoir alerté le 25 août 2009 la secrétaire d'Etat française au commerce extérieur, Anne Marie Idrac, sur les menaces qui pèsent sur les échanges franco-algériens. Cette union, qui réunit les associations de professionnels portuaires de Marseille-Fos et les compagnies maritimes, a dénoncé les mesures prises par le gouvernement algérien pour freiner les importations dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, entrée en vigueur le 22 juillet dernier. «Ces mesures destinées à freiner les importations algériennes menacent directement l'activité dans les bassins est de nombre de nos adhérents dont le chiffre d'affaire est pour certain à 75 % généré par les exportations sur l'Algérie. Les trafics ro/ro d'engins de travaux publics d'occasion, notamment sont directement impactés par ces décisions», lit-on dans ce communiqué de l'Union maritime Marseille Fos. Des termes qui illustrent parfaitement l'impact de la loi de finances complémentaire sur les importations venant de France. «La place portuaire de Marseille-Fos souhaite que la France, 2e partenaire mondial de l'Algérie, entame des négociations pour que soient trouvées des solutions intermédiaires à ces mesures radicales qui pénalisent l'Algérie comme la France», ajoute ce communiqué sans pour autant expliquer comme l'Algérie est pénalisée par ces mesures. L'organisation maritime française a tenu à informer ses adhérents des principales dispositions prises par le gouvernement algérien. Sept mesures ont été citées, à savoir la fin des procurations pour les opérations d'importations, l'obligation de recourir au crédit documentaire pour le règlement des achats internationaux avec l'obligation pour les importateurs algériens d'un dépôt de garantie à hauteur de 25 % du montant de la transaction, la taxation à hauteur de 3 % des services achetés à l'international, taxation des véhicules à cylindrée supérieure à 2500 cm3 ainsi que des travaux publics neufs, interdiction totale d'importation des engins de travaux publics d'occasion, (pièce maîtresse de nos échanges avec l'Algérie), tout nouvel investisseur étranger à compter de juillet 2009 devra s'associer à un partenaire algérien qui détiendra au minimum 51 % du capital de la structure créée et l'Etat et les entreprises publiques algériennes ont droit de préemption sur toutes les cessions de participation d'actionnaires étrangers. Ces précisions renseignent sur la lecture faite par les opérateurs français de la nouvelle loi de finances complémentaire et ses répercussions sur leurs activités. Un coup fatal A travers cette réaction, l'on comprend bien que l'Etat algérien a donné un coup fatal aux opérateurs français en décidant de réglementer de manière stricte les opérations d'importation de biens et de services. Signalons au passage que le moniteur du commerce extérieur (le plus ancien et le plus important magazine professionnel entièrement dédié au commerce international) a rapporté hier dans son édition web la réaction de l'UMF, en indiquant que plus de 8 millions de tonnes par an (hydrocarbures inclus), représentant 10 % du trafic total de port de Marseille-Fos, sont enjeu. Dans les bassins est de Marseille, 35 à 40 % des trafics sont destinés à l'Algérie. En Algérie, les banques et les concessionnaires représentant les marques françaises ont subi également des interdictions dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Le crédit à la consommation est formellement interdit et les ventes des nouvelles cylindrées sont assujetties à des taxes importantes. S'exprimant au sujet des dispositions prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire, le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait indiqué dans le cadre d'une conférence de presse que les partenaires étrangers continuent de considérer l'Algérie comme un portefeuille d'affaires. Autrement dit, l'Algérie veut répliquer à cette perception en supprimant tous les avantages offerts auparavant aux importateurs.