Amar Benikhlef a déclaré forfait aux championnats du monde de judo. Selon lui, il n'était pas prêt pour disputer une compétition d'un tel niveau. «Je n'avais pas envie d'aller aux Mondiaux pour y faire de la figuration», s'est-il justifié. Le médaillé de bronze des Jeux olympiques de Pékin a, donc, décidé de faire l'impasse sur le plus grand événement mondial de judo de l'année. Il a agi en toute honnêteté car il savait qu'il n'était pas en forme pour défendre ses chances convenablement. Combien sont-ils dans son cas ? Très peu certainement. Déjà, lors des Jeux méditerranéens de Pescara qui se sont déroulés fin juin-début juillet, il n'était pas au mieux. Il s'en était tiré avec une modeste médaille de bronze pour un judoka de son rang. Sans lui, le judo algérien n'avait aucune chance de se distinguer à Rotterdam, d'autant que chez les féminines Soraya Haddad est toujours absente. Comme d'habitude, on tablait sur un miracle dans la ville hollandaise. Le même miracle que l'on attendait de nos nageurs et de nos athlètes qui ont, eux aussi, participé aux championnats du monde de leurs spécialités. Les premiers avaient eu rendez-vous à Rome et avaient été complètement éclipsés. Les seconds sont revenus de Berlin avec un zéro pointé en matière de podium. Ce sont là des résultats qui sont en droite ligne avec ceux enregistrés aux Jeux méditerranéens de Pescara où l'Algérie n'avait pu récolter que deux médailles en or, son plus mauvais résultat dans ces joutes depuis de nombreuses années. Ce qui signifie que le sport algérien a bien du mal à sortir la tête de l'eau. Les bonnes sorties de l'équipe nationale de football dans les qualifications à la Coupe du monde et à la CAN 2010 ne peuvent, à elles seules, couvrir l'hécatombe des autres disciplines. Du reste, il faut préciser que cette équipe de football est majoritairement composée de joueurs émigrés, démontrant en cela la faillite de notre système de formation dans le sport. Même l'équipe de boxe, qui est revenue des championnats d'Afrique avec quelques médailles d'or, a compté sur notre émigration pour faire honneur au pays. Il faut rappeler que l'une des deux médailles d'or obtenues par les Verts à Pescara avait été l'œuvre d'un boxeur, Rachid Hamani, un émigré. Seule une politique sportive savamment menée pourrait sortir le sport d'une telle situation. Une politique que l'on dit prête à être appliquée et qui se devra de faire la part belle aux moyens mais surtout à la formation sans laquelle les élites ne peuvent se renouveler. C'est bien de compter sur l'émigration pour qu'elle nous envoie des champions. Il ne faudrait pas que cette pratique serve de paravent à tout ce qui va de travers dans le secteur. On a pensé que le mal venait des fédérations sportives et qu'il suffisait de changer leurs directions pour que tout aille pour le mieux. Il n'est pas faux de dire que ces fédérations travaillent mal, mais il serait objectif de ne pas leur faire porter le chapeau à elles seules. La responsabilité est commune, et le MJS n'a pas à croire qu'il est exempt de reproches. La formation est du ressort des fédérations et des clubs mais sous la direction du MJS. Il revient à celui-ci de trouver la solution idoine pour la relancer. A ce sujet, il est bon de préciser que, lors des Mondiaux d'athlétisme de Berlin, de nombreux pays ont fait participer des athlètes qui avaient pris part aux Mondiaux d'athlétisme de l'année dernière. L'un des médaillés d'or de ces Mondiaux avait été l'Algérien Imad Touil sur 1500 m. Cette année on n'a pas entendu parler de lui, même pas aux Jeux de Pescara. Serait-il, déjà, en perte de vitesse alors que sa carrière ne fait que commencer ? On voudrait être dans l'erreur sur ce cas précis, mais que de fois n'a-t-on vu des sportifs disparaître dans l'anonymat alors qu'ils étaient promis à un très bel avenir.