La conversion de nombreux commerces durant le mois de Ramadhan est une chose banale aux yeux des citoyens. L'épicier d'hier se transforme en vendeur de kelb elouz, de chamia et de zlabia. Juridiquement, c'est tout le contraire, puisque des locaux peuvent présenter des défaillances sur le plan hygiénique. Les conversions se font notamment dans les fast-foods, restaurants et cafétérias. Des propriétaires de magasins louent à des commerçants occasionnels leur locaux à des prix oscillant entre 15 000 et 20 000 DA la quinzaine de jours. Ce prix est revu à la hausse lorsque le magasin se trouve sur un boulevard ou une rue fortement fréquenté. Cette démarche connaît bien évidemment un retour sur l'investissement appréciable. Par contre, les aventuriers installent des tables pour étaler la chamia et autres friandises tout le long des trottoirs, gênant ainsi la circulation piétonne et créant tout le désordre qui s'ensuit, comme les disputes et les bagarres. Si à chaque Ramadhan le plan spécial de contrôle et de répression est enclenché, sur le terrain il n'apporte pas de résultats concrets. Sur ce, nous avons essayé de contacter le directeur de la Dcp, M. Kemache, mais en vain. Que ce soit les pâtisseries de chez nous, occidentales ou orientales, le commerce ramadhanesque enregistre des chiffres d'affaires qui frôlent l'explosion. Tous les conseils et les astuces sont les bienvenus pour s'«enrichir» en l'espace d'un mois. La recette de la «cherbette» par exemple est vendue à partir de 20 millions de centimes. Ceci est un créneau que peu de gens connaissent. Le ministère du Commerce avait appelé les commerçants, en cas de conversion d'activité durant le mois de Ramadhan, à se munir d'un registre du commerce, faute de sanctions. Mais les milliers de jeunes font la sourde oreille. Il arrive que les clients se rendent compte, une fois arrivés à la maison, de la péremption du produit acheté. Une autre forme de commerce a vu le jour à El Madania. Des jeunes tiennent dans leur main des boîtes de pâtisserie qu'ils proposent aux automobilistes. A l'intérieur, des tranches de kelb elouz d'un certain chef pâtissier. Ces friandises ne font pas l'unanimité des riverains et des automobilistes. Les cafétérias ne voient pas leur chiffre d'affaires baisser pendant le mois sacré de Ramadhan, bien au contraire, il reste stable, car compensé par la vente des khobz el bey, ktayef et autres gâteaux. L'impunité dont jouissent les commerçants ayant converti leurs locaux a conduit à la disparition des mehchachas (bouis-bouis) du paysage urbain.