L'interception de faux billets de monnaie algérienne en France renseigne sur l'ampleur que commence à prendre le marché informel de la devise en Algérie. Selon une source bancaire, qui a requis l'anonymat, la conception de fausse monnaie concerne généralement les monnaies demandées comme l'euro et le dollar. Mais le fait que cette pratique frauduleuse soit élargie au dinar algérien signifie qu'«il y a un intérêt pour cette monnaie», écoulée par un réseau de faussaires français en Algérie, s'accordent à dire des banquiers sollicités à ce sujet. Ils rappellent, à cette occasion, qu'auparavant les saisies de faux billets de monnaies étrangères concernaient l'euro et le dollar principalement. Ce sont ces monnaies qui font l'objet de fraude en raison de leur valeur, conjuguée à une forte demande. Les faux billets de monnaie nationale sont, quant à eux, conçus en Algérie. Ces billets atterrissent sûrement sur le marché parallèle, estime la même source, écartant l'hypothèse de transfert des faux billets via le circuit bancaire. D'ailleurs, les sources judiciaires françaises n'ont pas donné d'explication sur le transfert de cette fausse monnaie vers l'Algérie. Le réseau a déjà écoulé au moins 200 000 billets de 1000 DA, soit près de 2 millions d'euros, selon cette source judiciaire française citée par l'Afp. De l'avis d'un banquier d'Alger, les banques algériennes ne sont pas touchées par cette pratique frauduleuse. Appel au renforcement de la vigilance Selon lui, les banques ont les moyens pour lutter contre la fausse monnaie. Cet avis a été appuyé par une autre source bancaire, selon laquelle ces billets qui atterrissent en Algérie ne passent pas forcément par le circuit bancaire puisque ce dernier est équipé de compteuses automatiques de billets. Les billets douteux peuvent facilement être identifiés. Mais cette affaire doit inciter les banques à redoubler de vigilance, a-t-il recommandé. Il est préconisé, par ailleurs, de mettre à contribution tous les moyens de contrôle. Les services des douanes et de police sont également interpellés pour intercepter ces faux billets. La saisie de 100 000 faux billets de 1000 DA en France ne risque pas de porter préjudice à l'économie nationale, pense le responsable d'une banque publique. L'impact de la fausse monnaie sur le marché est mineur eu égard à la proportion très réduite de faux billets par rapport aux billets licites. Mais le fait d'imprimer et de faire circuler une masse de fausse monnaie gêne inévitablement le fonctionnement de l'économie, a-t-on ajouté de même source. Pour rappel, la police financière italienne (GDF) a découvert, en janvier 2009, une imprimerie clandestine de faux billets algériens de 1000 dinars. Cette découverte a été faite dans la région de Naples avec comme «butin» en dinars l'équivalent de près de 3,5 millions d'euros. La GDF avait affirmé que «des machines d'imprimerie sophistiquées, 350 000 billets de 1000 dinars algériens et une importante quantité de papier spécial ont été saisis». Cependant, il a été relevé que «les faux billets saisis sont d'une qualité supérieure car ils ont été imprimés sur du vrai papier à billet avec les filigranes, muni d'un fil de sécurité, provenant probablement d'une entreprise de ce secteur».