Peaufiner le plan d'action élaboré lors de la dernière AG et y apporter des amendements suite aux doléances émises par les professionnels, constituent les principaux axes sur lesquels se sont penchés les responsables des diverses commissions aux côtés du président de la Chambre national de la pêche qui, faut-il le souligner, ne possède pas de siège à ce jour en dépit de sa reconnaissance par la tutelle. En dépit de l'injection de 9,5 milliards de dinars par le gouvernement à dessein de modernisation les flottilles de pêche, les professionnels continuent d'endurer âprement les retombées des lenteurs bureaucratiques mais également des pratiques illégales insidieusement entreprises par certains pêcheurs qui, au travers de l'utilisation de procédés interdits, contribuent à la destruction de la faune et de la flore marines. C'est le cas de le dire pour le recours au braconnage et l'utilisation de la dynamite par des pêcheurs indélicats. Durant la réunion à laquelle ont pris part les deux vice-présidents ainsi que les présidents des diverses commissions de formation et classification, réglementation et organisation de la profession, de la coopération et de la promotion du partenariat et de soutien des activités de pêche et de l'aquaculture, les divers problèmes rencontrés par les professionnels ont été débattus, pour établir des statistiques fiables, notamment sur la composante du secteur et aux fins de remédier aux divers problèmes socioprofessionnels. La question de la création d'une mutuelle au profit des professionnels de la pêche (alternative aux pêcheurs lors des périodes creuses où la pêche n'est plus possible eu égard aux aléas climatiques et météorologiques), les problèmes rencontrés dans le cadre du financement et des crédits bancaires ainsi que ceux relatifs aux frais inhérents au mouillage à quai et autres, ont été consignés dans un PV avec la perspective de communiquer celui-ci à la tutelle. Dans cette optique, les participants à cette réunion ont décidé de créer une nouvelle commission «d'étude et d'évaluation» dont la mission serait «de dresser un diagnostic sur la base duquel émaneront les propositions devant être soumises à la tutelle», et la création de postes de contrôle au niveau des ports de pêche, à des fins de prise en charge sanitaire et médicale au profit des pêcheurs mais également dans la perspective de procéder à des contrôles. La formation et l'information étant un vecteur de progrès et d'essor indéniable, la réactualisation du site internet, créé sur proposition lors de la dernière AG et figurant sur le plan d'action, a été également débattue. L'obligation de recourir à la confection d'un environnement autour de cette option a été cautionnée par l'ensemble des présents. Le président, faisant allusion aux protocoles d'accord paraphés par la tutelle, a suggéré l'interpellation de cette dernière afin d'y associer la Chambre nationale de la pêche dans les prochains rendez-vous entre les deux rives de la Méditerranée mais également entre l'Algérie et le Soudan. La pisciculture ou l'élevage de poisson d'eau douce qui, selon le ministre, constitue une alternative à la pêche en haute mer, baigne dans des versatilités qui ne disent pas leur nom. La pisciculture souffre du manque d'accompagnement A ce propos, le deuxième vice-président de la chambre et promoteur à Ouargla s'interroge sur les raisons qui poussent les organismes prestataires à soumettre les pisciculteurs au versement de sommes faramineuses aux promoteurs alors que ces derniers ont tout juste commencé à produire. «Je me demande pourquoi on me demande de payer des factures s'élevant à 2 millions de dinars pour l'eau que je puise pourtant des nappes phréatiques à partir du puits que j'ai moi-même foré et de 6 millions de dinars pour l'électricité de même qu'on m'exige le remboursement des traites alors que je commence tous juste à produire.» Abstraction faite de tous les problèmes que rencontrent les promoteurs, M. Moulay s'interroge également sur «les raisons qui poussent la tutelle à refuser de concéder des aides et de trouver des solutions aux problèmes que nous rencontrons». L'aliment (farine de poisson) vient à manquer cruellement et pour pallier ce manque, les pisciculteurs ont adressé, en 2008, une demande à la tutelle afin d'être autorisés à importer cette denrée essentielle et primordiale pour cette activité. «Une demande restée sans suite», dira Moulay qui finira par suggérer la création d'une infrastructure de fabrication de cet aliment. Un autre pisciculteur a levé le ton pour exprimer son désarroi devant une situation incompréhensible. «Comment se fait-il que l'on m'impose le versement de 90 000 dinars de taxe polluante par mois, alors que mon unité, opérationnelle depuis 2007, est érigée en plein milieu d'une zone humide (Sebkha) ?» Dans l'expectative, ce dernier appréhende la troisième facture qui viendrait s'ajouter aux deux premières d'un montant de 180 000 DA. Il est d'autant plus choqué par la mention qui est portée sur la correspondance stipulant «dernier avertissement avant poursuites». Ce même investisseur a été sommé de verser 110 000 DA (facture d'électricité) alors que les textes d'encouragement dans le secteur lui donnent droit au versement de 50%. «Cette mesure, bien que décidée par la tutelle, n'est point respectée et n'est pas appliquée par la Sonelgaz», dira-t-il. Une ligne bleue pour combattre le braconnage A l'effet de combattre ces pratiques hautement préjudiciables, le président de la chambre nationale, Yahiouche Larbi, compte lancer un appel à témoins. «La ligne bleue (30-22) gratuite a été favorablement accueillie par l'ensemble des organismes activant à l'est du pays (Annaba et environs) de même que par les responsables des gardes-côtes», explique le président de la chambre qui compte sur la tutelle pour sa généralisation. «Cette initiative, si elle venait à être généralisée, devrait mettre fin aux différentes formes de braconnage à l'origine de la détérioration des espèces marines». «La totalité des membres de la chambre nationale sont convaincus du bien-fondé de cette initiative, mais le problème de la gratuité demeure posé et seule la tutelle peut trouver une solution car, il nous sera impossible de payer les redevances», lancera Yahiouche, tout en mettant en exergue l'apport de cette initiative dans une optique de sauvegarde des ressources halieutiques grandement menacées par le braconnage de tout acabit. Escroquerie en haute mer Dans les coulisses, les langues se sont déliées pour décrire les arnaques et les entourloupes savamment opérées par certaines personnes à la tête de sociétés censées être au service des pêcheurs. Des doléances ont été émises à l'encontre de certaines sociétés versant dans la construction navale et dont les patrons «auraient soustrait des sommes aux pêcheurs, eux-mêmes bénéficiaires de crédits à hauteur de 960 millions de centimes (20% pour l'Ansej, 70% des banques et 10% en apport personnel) en leur promettant l'acquisition de bateaux de pêche via un contrat, jugé fallacieux». «Le constructeur a encaissé les chèques sans respecter ses engagements», affirme en catimini un des 40 victimes. Deux années après la signature du contrat, les victimes se sentant lésées ont pris d'assaut les unités de cette société et se sont accaparés des bateaux d'une valeur de 1 milliard de centimes et dont certains étaient encore en voie d'être achevés. «Bien que le patron n'ait pas eu recours au dépôt de plainte, les victimes auraient porté plainte auprès des instances judiciaires d'Oran pour tentative d'escroquerie et extorsion de fonds de la part de cette société», révèle notre source. L'utilisation de la dynamite (El Pisto), un récurrent mode opératoire Devant la récurrence de ces pratiques assassines, un professionnel de la pêche a adressé, durant les années précédentes, une lettre anonyme à la tutelle pour dénoncer le laxisme des autorités chargées du contrôle et pour dénoncer la destruction de la faune et de la flore marine par ces pêcheurs indélicats recourant à l'usage de la dynamite au large que les utilisateurs appellent communément «El Pisto». «C'est une moyenne de 63 unités (sardiniers) de pêche qui utilisent la dynamite quotidiennement», affirme ce dernier, et de préciser que «pas moins de 3 à 4 détonations sont opérées chaque nuit au larde du port de Chifalo, Bouharoun, Mostaganem, Oran, Bouzedjar, Ghazaouet et Beni Saf». Il indique que «les détonations dont l'onde de choc s'étend jusqu'à 1,5 km de rayon, détruit toute forme de vie en mer». Aujourd'hui, il affirme que cette pratique est toujours de mise et, partant, «il s'interroge sur le silence des autorités mais surtout sur les moyens utilisés par ces pêcheurs pour acheminer la dynamite». Il est vrai que les gardes-côtes, premiers contrôleurs, devraient être dotés d'instruments à même de déceler les produits explosifs tels que les fennecs utilisés par les services de police dans les barrages. «C'est le seul moyen pour mettre fin au terrorisme maritime», s'indigne celui-ci. Ne s'arrêtant pas à cette pratique, il fait état de l'utilisation, par certains pêcheurs, de filets pélagiques à cordes, interdits par la réglementation en Algérie et dans le monde en raison du massacre que ces filets produisent sur le poisson (les filets ont la propriété de se refermer dans l'eau et en rétrécissant les mailles, ramassent même les plus petits poissons). «La dynamite est placée dans une bombonne et la mèche est introduite à l'intérieur d'un tube de plastique souple (tuyau utilisé en chirurgie lors des transfusions sanguines ou pour l'injection de sérum) afin qu'elle ne soit pas touchée par l'eau et ensuite elle est immergée lors de la combustion de la mèche», indique ce dernier.