Qui d'entre les habitants de la capitale, voire du reste du pays, n'a pas eu l'occasion de se trouver dans un des différents hôpitaux d'Alger, soit pour se soigner, soit simplement pour rendre visite à un malade ? Ces infrastructures supposées donner aux patients l'opportunité de se faire soigner présentent un visage désolant. Là où le malade espère trouver les conditions propices à sa guérison, ce sont plutôt les ennuis qu'il rencontre, à commencer par le manque d'hygiène. Lors d'une tournée dans les services de certains hôpitaux, à savoir les CHU Mustapha, Maillot, Parnet et Kouba, nous avons surtout déploré le manque d'hygiène. Ce sont les services des urgences et de maternité qui sont le plus touchés par ce problème. Ces endroits très fréquentés devraient inciter les gestionnaires à y maintenir une hygiène impeccable car il s'agit de préserver la santé des personnels, des patients et des visiteurs. Aux CHU Mustapha et maillot, des patients se sont plaints du désordre et de la saleté. Une dame dit qu'elle ne peut «franchement pas s'allonger sur un lit infect taché de sang». D'autres patients hospitalisés préfèrent utiliser des affaires personnelles. Une patiente nous dit qu'elle demande souvent à sa famille de lui ramener même des plats préparés à la maison, «bien sûr en cachette car la loi a interdit tout linge ou denrée alimentaire externes». Les mêmes déclarations nous ont été faites par d'autres malades qui ne voulaient pas rater cette occasion pour exprimer leur dégoût et déplorer le laisser-aller qui règne dans les hôpitaux censés être la vitrine de la pratique médicale. Une patiente rencontrée au pavillon des urgences de l'hôpital de Kouba insiste sur l'état des sanitaires. Selon elle, «les patients qui viennent consulter de l'extérieur utilisent les toilettes des chambres des malades hospitalisés ; c'est une source d'infection supplémentaire.» Dans les pavillons des urgences de l'hôpital Parnet, les patients se plaignent de l'exiguité des lieux. Selon un malade, «dans une chambre à deux lits, on se retrouve à 4 ou plus. Il y a aussi le mélange des sexes, une femme avec un homme dans la même chambre, pour des diagnostics différents». Un autre malade trouve «infernal que l'on soit obligé de connaître quelqu'un parmi le personnel pour bénéficier de soins». Selon une autre malade hospitalisée, «les gens qui ont des appuis même si c'est de la part d'un agent de sécurité ou bien d'une femme de ménage passent en priorité, avec une bonne prise en charge.» Le problème commun soulevé par les patients est qu'en application des instructions fermes du ministère de la santé, il est interdit de ramener ses propres affaires à l'hôpital. «Mais je ne vous dis pas dans quel état sont les draps et les couvertures qu'on nous propose», se plaint un vieux monsieur hospitalisé depuis plusieurs jours. Il se plaint surtout que l'on interdise à sa famille de lui ramener de quoi manger car, selon lui, «la bouffe de l'hôpital est insipide». N'est-il pas temps de se pencher un peu sur ces questions qui semblent tenir à cœur aux malades et aux personnels de la santé ?