«Nous sommes les miséreux de l'administration publique. Nos salaires ne nous assurent même pas une vie décente», ont déclaré des employés communaux rencontrés hier à Oran. Un délégué du Conseil national du secteur communal (CNSC), une structure relevant du Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap), a affirmé que le recours à la grève est devenu l'unique voie pour dire le marasme que vit l'administration communale. «Actuellement, l'administration communale, notamment le service de l'état civil et ses différentes annexes au niveau des secteurs urbains, fonctionne avec un personnel recruté dans le cadre du filet social et du préemploi. Percevant une indemnité de 3000 DA, certains agents ne l'ont pas perçue depuis plusieurs mois. Comment voulez-vous assurer un service public de qualité quand ceux qui sont censés l'assurer sont dans le désarroi ?», souligne la même source. Un autre délégué rencontré au niveau du service de l'état civil s'est plaint, lui, des conditions de travail qu'il juge harassantes. «Les agents assurent un minimum de 8 heures de travail contre un salaire qui ne garantit même pas le transport. Ils sont près de 2500 employés qui vivent cette situation», dira-t-il. Des agents du même service ne manqueront pas de signaler qu'ils sont soumis à un rythme de forçat. «Depuis quelques mois, nous traitons près de 5000 demandes d'extraits de naissance, de décès ou de mariage. Un volume aussi important de travail nécessite de la concentration et surtout des nerfs solides pour éviter la crise de nerfs. Vous voyez dans quelles conditions nous travaillons, des locaux sombres et exigus et un public qui ne pardonne pas», affirme des agents. Les vacataires inquiets Ces derniers se disent très préoccupés par leur statut de vacataires. Recrutés dans le cadre du filet social ou du préemploi, certains sont là depuis des années. «C'est une situation qui a trop duré. Nous végétons en pleine précarité et en plus le peu qu'on nous donne, nous ne l'avons pas perçu depuis des années.» A ce propos, un responsable ne manquera pas de souligner que des efforts sont actuellement menés pour trouver une formule légale qui garantirait un plan de carrière à cette catégorie d'agents. «Formés sur le tas, ces agents ne doivent plus quitter l'administration publique, surtout ceux qui donnent satisfaction. Mais que voulez-vous, la solution nous dépasse et nous tentons à chaque fois de sensibiliser les pouvoirs publics pour trouver une issue avec la fonction publique», affirme-t-il. Un délégué du personnel de nettoiement fera remarquer que les travaux d'embellissement actuellement engagés dans la ville ont multiplié les contraintes que vivent les agents de ramassage des ordures et d'entretien. «Certes, une partie de la collecte des ordures est assurée par l'Epic Oran nettoyage, mais cela n'a pas fait baisser la pression exercée sur nos agents, à la veille de la 16e LNG. Certes, la commune vient de signer une convention pour la prise en charge médicale de nos agents, mais cela reste insuffisant. Il faut nous assurer un salaire qui nous permette de vivre dans la dignité. Plusieurs de nos agents font de la collecte d'ordures qu'ils revendent pour joindre les deux bouts, ce n'est pas normal», affirme notre interlocuteur qui ne manquera pas de signaler que le mouvement de grève qui prendra fin aujourd'hui pourrait être reconduit à l'issue d'une réunion du conseil national prévu demain. Mais en attendant, la grève décrétée par le CNSC a trouvé un large écho à Oran.