Vaille que vaille, le lycée Lotfi continue de cultiver son image d'établissement d'excellence qui étrenne à chaque fin d'année scolaire le taux de réussite au baccalauréat le plus élevé de la wilaya. Son image de lycée réservé à une certaine couche sociale continue de lui coller à la peau, même si des élèves des quartiers défavorisés y ont fait ou y poursuivent leurs études. «C'est un lycée véritable miroir de la société oranaise. On y trouve des fils de riches et des responsables locaux, tout comme on y trouve des élèves de condition modeste. La cohabitation est rendue facile par le mode de gestion qui ne cultive pas les différences», affirme un enseignant. A la sortie des cours, on ne trouve pas de bagnoles de riches stationnées dans les proches abords de l'établissement. Son implantation à l'entrée du centre-ville lui permet d'être un établissement prisé par les couches sociales nanties qui ne veulent pas afficher leur aisance. «A la sortie du lycée, vous trouverez ensemble aussi bien le fils du riche que celui du pauvre chômeur. Nous avons réussi à casser les différences sociales, ce qui a permis de créer une bonne ambiance pour les études», affirme la même source. Mais cette cohabitation n'est pas sans créer parfois des frictions. L'année dernière, un incident survenu entre un enseignant et «un fils à papa» a failli faire voler en éclats la cohésion qui faisait l'originalité de l'établissement. Les enseignants avaient observé un arrêt des cours et sollicité la solidarité de leurs confrères des autres établissements. La réputation, surfaite pour certains, remonte aux années quatre-vingts quand le lycée a commencé à afficher les plus forts taux de réussite au baccalauréat. Cet état de fait a fini par faire de Lotfi un lieu où il fait bon de placer son enfant. Cet engouement a fini par dessiner les derniers contours de l'image d'établissement pour enfants de riches qui continue à lui coller à la peau. Inscrire son fils dans cet établissement était devenu un must auquel voulaient sacrifier tous les Oranais. Y trouver une place devenait une nécessité et s'afficher comme élève de cet établissement une marque de référence qui renvoie forcément à un style de vie branché et à une classe sociale. Mais avec l'irruption de lycées comme El Hayat, Ben Badis, El Yadjouri et Hamou Boutlelis, l'image de cet établissement commençait à s'écorner. Les lauréats aux bonnes moyennes et aux accessits dans les examens de fin d'année n'étaient plus l'exclusivité de Lotfi. Lors de la session du baccalauréat 2009, l'élève Narimene Ouasti, du lycée Hamou Boutlelis, avait décroché un 17,50 de moyenne qui l'avait placée comme la première dans la wilaya d'Oran. Aujourd'hui, le lycée Lotfi continue de cultiver l'image surfaite d'établissement d'excellence même si certains parents aisés salivent à l'idée d'inscrire leur progéniture au lycée Pasteur qui jouxte le consulat de France, une façon pour eux de les plonger dans une ambiance où la langue de Voltaire sert de signe de reconnaissance.