Deux copains sont pris avec de la drogue sur l'un d'eux. Le détenteur de came a sur lui un poignard, le second donne ses coordonnées, mais fausses. Les poursuites feront le reste, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Blida aura eu le mérite de présider ces débats hauts en intégrité. Aucun dépassement n'a été constaté. Justice a été rendue avec tact, doigté et fermeté. Et c'est cette justice-là que nos justiciables aiment, une justice sereine où chacun a son dû. Côté défense, les deux avocats ont joué franc jeu, ils ont même été appréciés par Ammi, la juge du mercredi, dont la manière de travailler devrait faire école. Deux gus, dont l'un portait le maillot national, comparaissent face à Yamina Ammi, la juge du mercredi du tribunal de Blida. Le premier est poursuivi pour déclaration mensongères, le second traîne, outre la détention de came, le port d'arme blanche prohibé. Samiha Sâadou, la procureure, suit avec intérêt les débats, excellemment menés par Ammi qui donne l'impression d'aller à l'instruction, une autre, toutes ses questions sont à la hauteur de sa réputation de magistrate qui domine son sujet. L'inculpé âgé de vingt ans, inculpé de déclarations mensongères, en l'occurrence donner une fausse identité aux policiers (Dahmane au lieu de Tarek, son prénom), a aussi honte d'avoir menti qu'il semblait être ligoté devant cette juge vigilante comme toujours, surtout pour ce qui est de l'audition des parties. Des parties qui ont vu les deux avocats crier à l'erreur d'appréciation des éléments de la police judiciaire qui ont confondu vitesse et précipitation, «une horreur» a lancé le plus jeune des deux plaideurs. Ammi, cette juge qui entre dans la salle d'audience avec une assurance propre aux magistrats rompus aux dossiers les plus sensibles, avait préféré perdre un peu de temps en insistant auprès notamment du détenteur de drogue. - «Dites donc un peu au tribunal. Vous êtes un habitué de la drogue ?» Le pauvre bougre songe à éviter la réponse, elle ne lui laissera pas le choix. - «Alors, c'est oui ou c'est non ?», reprend Ammi, dont le regard clair et serein donne un peu plus de confiance à Salem, qui répond par l'affirmative, espérant au plus profond de ses tripes qu'elle ne va pas l'assommer par un verdict tuant. La présidente passe alors à Dahmane, ou plutôt Tarek . - «Alors qu'est-ce qui vous a pris de donner un autre prénom que celui que vous a donné votre papa ?», dit-elle, les dents serrées. Le second inculpé va alors tenter de dribbler, il ne parviendra pas à aller au bout de ce qu'il désire. Ce sera à son avocat plus tard, lors de sa brève intervention, de demander de larges circonstances atténuantes car, balancera solennellement le défenseur, son mandant a été déjà puni pour ce qu'il a dit, et son père le lui a fait comprendre de sa manière. - «Regardez-le, regardez sa position, il a honte il a plus honte que son ami poursuivi pour avoir touché au poison drogue.» Sâadou, elle, avait requis deux ans et trois ans ferme pour chacun des deux inculpés, qui n'avaient pas saisi que les peines demandées n'étaient que les demandes du ministère public. Après avoir vaillamment défendu, les deux confrères se retirèrent avec la satisfaction du devoir accompli en prenant acte de la date de la mise en examen du dossier, que Ammi a exploité avec beaucoup de doigté et surtout d'assurance, car ayant parfaitement appris le contenu.