Un recensement réalisé par les services de la wilaya d'Oran en 2005 a classé 1990 immeubles vieux bâti. Ce chiffre a deux années plus tard été conforté par un recensement complémentaire qui précisera pour cette fois l'état de délabrement des habitations et proposera la nature et le niveau des travaux nécessaires à leur réhabilitation. Cette étude, validée par des experts internationaux, révélée en 2008 lors d'une rencontre avec l'ex- ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, avait classé 658 habitations dans la catégorie A, 208 dans la catégorie B et 5 autres dans la catégorie C. Cet état exhaustif de l'habitat notamment dans le centre-ville d'Oran et sa périphérie renseigne sur la nature du parc immobilier de la capitale de l'ouest construit notamment durant la période coloniale, voire la période de l'occupation espagnole. Ces résultats avaient permis aux pouvoirs d'inscrire au titre de la loi de finances 2009 une importante enveloppe financière estimée à plus de 900 millions de dinars pour entamer une première tranche d'un vaste programme de rénovation du vieux bâti et de retenir un quota de près de 5000 logements destinés au relogement des familles occupant des toits menaçant ruine. La commission technique de classement de la wilaya a retenu un quota prévisionnel de logements devant être expertisés au niveau des communes d'Oran, d'Arzew et de Mers El Kebir, dans le cadre du vieux bâti, estimé à près de 54 000 unités, dont 24 000 ont été diagnostiquées depuis 2005, indiquent des sources de la wilaya. La copropriété, un écueil Le centre de contrôle technique avait en 2009 finalisé une étude technique basée sur le prélèvement d'échantillons des matériaux de construction des fondations, des piliers et des murs porteurs des habitations ciblées afin de déterminer le niveau réel de précarité des structures et les moyens devant être mis en œuvre pour réussir la réhabilitation ou la rénovation. Les opérations successives de relogement des familles occupant le vieux bâti ont permis de vider les immeubles classés présentant de grands risques et prioritaires pour les opérations de réhabilitation ou de rénovation. Ces opérations ont été accompagnées par des enquêtes sur la nature juridique de la propriété. L'écueil de la copropriété qui avait entravé une importante opération de rénovation et de ravalement de façades du centre-ville avait poussé les autorités locales à tenir compte de cet impondérable pour mener à bien aussi bien les opérations de relogement que celles de la réhabilitation, la rénovation ou la démolition des habitations ciblées. Dans ce contexte, des sources de la wilaya ont indiqué que des propriétaires d'immeubles et de bâtisses classées vieux bâti seront indemnisés pour aboutir, à brève échéance, à la récupération d'assiettes foncières, notamment dans le tissu urbain. Concernant cet aspect les mêmes sources ont annoncé que la loi fixant les critères d'indemnisation des biens expropriés pour la réalisation de projets d'utilité publique constitue un des mécanismes prévus dans ce cadre. Au cours de cette année, l'Office de promotion et de gestion immobilière a lancé une opération de réhabilitation de 200 immeubles pour une enveloppe financière estimée à 700 millions de dinars, mobilisée par le ministère de l'Habitat. Cette première opération cible 120 bâtisses au centre-ville, essentiellement les rues Larbi Ben M'hidi et Khemisti, 49 bâtiments de l'avenue Maâta Mohamed El Habib et 31 autres de la rue Khedim Mustapha à haï Sidi El Houari. Une opération similaire de réhabilitation touchera 400 autres immeubles à travers la wilaya d'Oran, pour une enveloppe budgétaire estimée à 140 milliards de centimes. Une opération complexe et de gros budgets mobilisés Les sites concernés par la réhabilitation ont été fractionnés en quatre zones. La première zone, regroupant les immeubles ciblés du centre-ville, l'opération concernera la réhabilitation, entre autres, de 75 immeubles de la rue Larbi Ben M'hidi, de 30 immeubles de la rue Mohamed Khemisti, de 40 immeubles de la rue de la Vieille mosquée, de 12 immeubles de la rue des Sœurs Benslimane... Au total, ce sont 222 immeubles qui ont été retenus au niveau du secteur urbain El Emir. La seconde partie concerne les immeubles retenus au niveau du secteur de Sidi El Bachir, notamment du boulevard Adda Benaouda (49 immeubles), du boulevard Benzerdjeb (58 immeubles) et du boulevard Didouche Mourad (31 immeubles), soit un total de 138 immeubles. 66 autres immeubles sont répartis entre les communes de Mers El Kebir (40 immeubles) et Arzew (26 immeubles). Cette opération est actuellement en phase de prescription administrative pour le choix des entreprises chargées des travaux de rénovation. D'autre part, une opération de réhabilitation des anciennes bâtisses du vieux quartier d'El Hamri, dans la ville d'Oran, pour un montant d'un milliard de dinars a été lancée au cours de cette année par l'Office de promotion et de gestion immobilière. Les immeubles classés comme présentant de grands risques seront démolis et les assiettes foncières récupérées renforceront le portefeuille communal, indiquent des sources proches du dossier précisant qu'elles seront affectées à la réalisation d'équipements publics. Un technicien d'un bureau d'études engagé dans ces opérations a tenu toutefois à préciser qu'il s'agit aujourd'hui de définir l'objectif des travaux engagés. «Vous remarquerez que les travaux qui ont ciblé certains immeubles du centre-ville ont dénaturé le type architectural et l'originalité de certaines bâtisses. Il ne s'agit pas de confier les travaux à une entreprise de maçonnerie ou de bâtiment, mais à des spécialistes de la réhabilitation. Il y a des aspects à préserver des motifs architecturaux à préserver et qui forment l'identité de la construction qui renseignent sur la période de sa construction, sur l'architecte qui a conçu ses plans et sur la tendance architecturale de l'époque. Ce sont des indices et des traits qui ne peuvent être préservés que par des spécialistes», dira-t-il, avant de nous renvoyer sur les travaux de rénovation qui ciblent certains immeubles du centre-ville d'Alger où les opérations sont menées et supervisées par des spécialistes de la réhabilitation. L'objectif escompté de cette opération est la rénovation du parc immobilier du centre-ville, une rénovation qui permettra la réaffectation des habitations à des familles et l'allégement de la pression engendrée par la forte demande en logements enregistrée dans la wilaya d'Oran estimée à des milliers de demandes dont certaines déposées il y a plus de vingt ans.