D'ici un mois, les Palestiniens devront statuer sur l'opportunité de la poursuite ou non des négociations de paix directes. Pourvu qu'ils ne s'attacheront pas aux détails, ce qui compte c'est la terre, a bien fait de le préciser le président syrien lors du dernier sommet de la Ligue arabe. Toujours est-il que les paris restent ouverts : éventuelle démission de Mahmoud Abbas en cas d'échec définitif des pourparlers directs, probable demande de l'AP aux Etats-Unis de la reconnaissance d'un Etat palestinien ou saisie de l'Onu pour l'examen de la possibilité de placer les Territoires palestiniens sous mandat international… Un mois c'est long et évidemment tout peut arriver, entre-temps. Mais comme il faut être deux pour négocier, la partie israélienne a sa part de responsabilité dans toutes les tentatives de stabilisation du fragile processus de négociations. Comment va-t-elle s'y prendre ? Par la discrimination, propre à tous les colonisateurs. Ainsi, le gouvernement israélien s'est prononcé en faveur d'un projet de loi qui exige que tout candidat à la citoyenneté israélienne promette d'abord loyauté à « l'Etat juif et démocratique d'Israël». Par vingt-deux voix contre huit, l'administration de Tel-Aviv a approuvé ce qu'elle croit être l'essence même du sionisme et de l'Etat d'Israël. La chef du parti centriste Kadima, Tzipi Livni, a été la première à critiquer ce vote à la portée hautement discriminatoire. Une manifestation de racisme caractérisée, d'après les représentants de la minorité arabe d'Israël. Benjamin Netanyahou n'aurait trouvé mieux que ce serment envers l'Etat juif pour garder sa coalition gouvernementale en l'état actuel des choses. Par ses positions tranchées, le terrible Avigdor Lieberman avait trop agité la menace de claquer la porte pour que le Premier ministre israélien le prenne au sérieux. La non-reconduction du moratoire, portant sur le gel de la colonisation, n'ayant apparemment pas suffi à calmer la colère du chef du parti Yisrael Beiteinu, le ministre israélien des affaires étrangères. Il lui fallait plus de gages de la part de Netanyahou qui n'a fait qu'obéir au doigt et à l'œil, le spectre d'élections anticipées faisant craindre le pire. Avec sa concession faite à la frange la plus radicale de son gouvernement, «Bibi» sauvera-t-il à sa manière ce qui peut encore l'être du processus de paix ? Difficile de le croire, l'Autorité palestinienne n'accepterait pas de reprendre les négociations directes si l'Etat hébreu continue d'esquiver la confrontation avec les colons dont l'expansionnisme par la brique a repris de plus belle depuis l'expiration du moratoire. Le serment d'hypocrite, que Netanyahou vient d'offrir en cadeau à Lieberman, satisfera-t-il l'ancien vigile pour qu'il passe du noir au blond ? Soit, faire semblant d'être convaincu qu'un Etat palestinien pourrait voir le jour d'ici un an ? D'après un éditorialiste du journal de gauche israélien Haaretz, Gideon Levy, les retombées du projet de loi de serment de fidélité à l'Etat juif ne toucheraient pas que les négociations de paix… au bord de l'abîme. En ouvrant la voie au racisme d'Avigdor Lieberman, Israël a changé le caractère même de son Etat qui, désormais, s'appellerait «la République juive d'Israël» sur le modèle de la «République islamique d'Iran». Une comparaison qui ne va pas plaire au pouvoir de Téhéran. Par la voix de son président, l'Iran répondra-t-il à cette nouvelle provocation, confirmant le contenu d'un rapport qui révèle que le racisme n'a jamais fait autant de ravages en Israël ? Il faut bien lire la déclaration faite par Lieberman à Bernard Kouchner et à Moratinos pour cerner l'état d'esprit qui règne actuellement en Israël : «Nous espérons ne pas être la Tchécoslovaquie de 2010 et nous camperons sur les intérêts vitaux d'Israël». Quand la messe est dite en hébreu, mieux vaut faire sa valise et rentrer sur le vieux continent, où l'extrême droite n'a rien à envier à sa jumelle israélienne.