«Vers 9h, les services de l'APC de Kouba, accompagnés du wali délégué, ont investi les lieux, sans crier gare, pour démolir trois habitations où vivaient des familles nombreuses», témoignent hier des jeunes. En quelques minutes, la situation a tourné à l'affrontement entre les brigades anti-émeutes et des jeunes qui avaient bloqué la route à l'aide de pneus enflammés en signe de soutien aux familles touchées par l'opération. Les services de police ont procédé à l'interpellation de plusieurs personnes dont le nombre n'a pas été révélé. «Il y aura plusieurs autres interpellations», nous livre un des policiers, qui indique que «des manifestants utilisaient des armes à plomb et des projectiles en tout genre». Des magasins et autres baraquements ont été endommagés ainsi que des vitres des immeubles longeant la route menant vers Kouba. Des policiers de même que des manifestants ont été blessés légèrement par les projectiles. La route menant vers Kouba et la cité des Anassers était recouverte de pierres et autres gravats de même que des objets hétéroclites. La fumée dégagée par les pneus brûlés était visible de loin. Pour parer à tout débordement, les routes ont été fermées par un dispositif mis en place par les services de police. A l'heure où nous mettons sous presse, les manifestants étaient pourchassés. La majeure partie des citoyens que nous avons rencontrés n'ont pas hésité à pointer du doigt en direction des responsables de la commune, indiquant que «ces derniers ont autorisé les malheureuses familles à construire les habitations», s'interrogeant : Pourquoi ont-ils décidé de démolir les habitations alors qu'ils savent que des familles nombreuses y habitent ?» Sur les lieux, les familles pleuraient et fustigeaient les autorités. Toutes les tentatives de contacter hier les responsables de l'APC ont été vaines. «Ils seraient en réunion avec les autorités de la wilaya», a-t-on précisé. Le sort des familles, dont des femmes et des filles de chahid (martyrs de la Révolution), est incertain. Ils devront passer la nuit à la belle étoile et subir la menace des pluies. «Ils auraient pu nous prévenir avant de venir démolir nos baraques, ou trouver une solution de rechange», clame une mère en larmes. A quelques mètres de là, il se trouve que des centaines de baraques constituant un bidonville n'ont pas été concernées par la démolition.