Sous la double pression du tarissement des énergies fossiles et l'augmentation des contraintes environnementales, l'Algérie s'est mobilisée pour donner à la question énergétique toute l'attention qu'elle mérite. L'objectif déclaré par les autorités publiques est de réorienter la politique énergétique pour faire face à la pénurie d'énergie qui se fait sentir. En prenant conscience de la situation, l'Algérie s'est exprimée sur son engagement à prendre part au projet du siècle Desertec. Pour la partie allemande, il s'agit d'un «important engagement, très attendu par les initiateurs du projet». C'est ce que nous a fait savoir Alex Dhina, directeur général par intérim de la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie (AHK). Notre interlocuteur a tout d'abord tenu à nous préciser qu'«au niveau de l'AHK, nous sommes présents par rapport à ce projet pour informer les opérateurs économiques algériens spécialisés dans le domaine de l'énergie solaire et qui sont éventuellement intéressés par le projet». Joint par nos soins, ce même responsable a souligné que «nous sommes leurs interlocuteurs, nous essayons de les orienter essentiellement sur le plan juridique». A ce propos, M. Dhina a indiqué que «nous avons récemment accompagné une délégation composée de cadres relevant du ministère de l'Energie et des Mines. Ils ont été invités pour participer à la première conférence sur le projet Desertec au mois d'octobre dernier à Barcelone, pour permettre justement de s'informer sur l'évolution du projet». L'Algérie a exprimé sa volonté d'être partie prenante dans le projet, «c'est donc un point positif pour les initiateurs du projet, qui estiment que le pays détient un potentiel important dans le domaine de l'énergie solaire», a relevé notre interlocuteur qui a souligné que «les propos tenus par le président Bouteflika lors de sa visite les 6 et 7 décembre en Allemagne sont très importants et démontrent clairement que l'Algérie n'a jamais renoncé à prendre part au projet». Cevital : un partenaire potentiel Lors de notre entrevue, M. Dhina nous a donné un aperçu sur le projet dans sa globalité. Il nous a donc expliqué que «le projet Desertec est une initiative d'entreprises et non pas une initiative gouvernementale. Parmi les douze entreprises initiatrices figure un partenaire potentiel qui est le groupe Cevital». Cevital est membre fondateur de cette initiative qui a été créée en 2009 par un groupe d'opérateurs économiques. De grands groupes allemands y figurent aux côtés d'un groupe espagnol et du groupe algérien Cevital. Entre-temps, il y a eu d'autres associés qui ont rejoint l'initiative, notamment une société marocaine et une autre tunisienne, selon M. Dhina. Notre interlocuteur nous explique que d'ici 2050, le projet vise à construire des centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour couvrir à terme 15% des besoins énergétiques de l'Europe et alimenter les pays producteurs. La technologie utilisée est la plus classique : le thermosolaire. Pour distribuer cette électricité, les promoteurs du projet misent sur la construction d'un réseau de centrales thermiques solaires à concentration répartie dans les déserts nord-africains et moyen-orientaux. Il s'agit d'un réseau de lignes de transmission de courant continu haute tension (CCHT). «Le coût envisagé pour ce vaste projet de production d'énergie solaire est de 400 milliards d'euros, un montant énorme», indique notre interlocuteur. Le projet est convoité par tout le monde. L'Algérie, renfermant un potentiel solaire gigantesque, ne peut pas être en reste. Ce projet permettra à l'Algérie de devenir un centre international de production industrielle et d'exportation de l'énergie solaire. Dans la région Mena, plusieurs sociétés algériennes, tunisiennes, marocaines et égyptiennes ont exprimé leur volonté d'investir dans Desertec. Elles devraient rejoindre Electricité de France (EDF), l'italien Enel, l'espagnol Red Electrica Espana. Au total, plus de 100 sociétés ont exprimé leur intérêt, et certaines d'entre elles deviendront des partenaires associés de Desertec. Parmi les entreprises postulantes, on trouve également la Deutsche Bank, le groupe Siemens (qui construit à la fois des turbines à vapeur géantes pour ce type de centrales et des lignes de transmission électrique), des groupes solaires allemand, Solar Millenium (qui projette des centrales thermiques géantes en Californie), et son rival Schott Solar.