C'est une véritable foire d'empoigne que vit ces derniers jours le siège de la Grande poste à Oran. Des citoyens venus des quatre coins de la wilaya, refroidis par l'absence de liquidités dans les bureaux de poste de leur localité, font le pied de grue, tôt le matin, devant la recette principale d'Algérie Poste, pour tenter d'être les premiers dans la longue chaîne devant les guichets pour retirer leur argent. «C'est devenu insoutenable. Depuis deux jours, j'essaye d'encaisser un chèque et je n'arrive pas à le faire», dira un citoyen habitant Haï Felaoucen (ex-El-barki). «Le petit bureau de poste de la localité ne reçoit qu'un petit fonds lundi, et malgré toute la bonne volonté du receveur, la provision est consommée en un rien de temps», dira-t-il. Le receveur du petit bureau de poste de la cité des enseignants à Essedikkia fera remarquer que les provisions qui sont affectées chaque semaine à sa structure s'épuisent très vite en raison de l'afflux des clients. «C'est un petit bureau mais il faut reconnaître qu'il dessert une large clientèle. Nous sommes impuissants devant cette situation qui dure depuis des mois et qui s'est accrue ces derniers jours», fera-t-il remarquer. Jeudi dernier, au niveau de la Grande poste, plusieurs citoyens qui faisaient la chaîne depuis les premières heures de la journée s'étaient déclarés outrés par les agents de police qui s'étaient rués sur les lieux pour retirer de l'argent. «Ils n'ont pas respecté les citoyens. Forts de leur statut, certains sont venus même portant la tenue ou le chasuble que portent les policiers au niveau des barrages. Cela veut dire qu'ils étaient en service. Ils sont venus en grand nombre, certains avaient même plusieurs chèques en main. Ceux qui ont osé leur faire remarquer qu'ils devaient au moins respecter la chaîne ont eu droit à un regard noir et des remarques désobligeantes», affirment plusieurs citoyens. Une source de la direction régionale d'Algérie poste niera la responsabilité de son institution dans cet état de fait. «Nous faisons de notre mieux pour alimenter régulièrement les différents bureaux, et les pannes de liquidités ne nous incombent pas, c'est la faute à la Banque d'Algérie qui ne nous alimente qu'au compte-gouttes». Dans quelques jours, avec l'arrivée des virements des retraites, ce sera une autre paire de manches et d'autres journées noires pour la clientèle qui s'attend au pire supplice avant de pouvoir retirer de l'argent.