Les étudiants des Grandes écoles ont protesté hier à El Mouradia. Ils voulaient tenir un sit-in devant la Présidence, mais tôt le matin, un dispositif de sécurité a été déployé. Ils ont été bloqués au niveau du lycée Cheikh Bouamama (ex-Descartes). Les choses ont très vite mal tourné. Les policiers anti-émeute ont bastonné les constestataires. Outre les interpellations, certains d'entre eux ont été transportés à l'hôpital et d'autres ont reçu les premiers soins sur place. Ce qui est certain, c'est que les étudiants des grandes écoles n'oublieront jamais la bastonnade dont ils ont fait l'objet hier. Voulant protester devant la présidence de la République, ils ont été refoulés vers le rond-point jouxtant le lycée Cheikh Bouamama. Coincés dans la petite ruelle mitoyenne de la porte nord de l'ambassade de Chine, ils ont essayé de traverser le corridor de sécurité vers 11h 30. C'est à ce moment que la bastonnade a commencé. Les policiers ont usé de leurs boucliers pour repousser les étudiants. Mais face à la détermination de ces derniers, il était quasiment impossible de les contrer, vu leur nombre impressionnant. Ils étaient plus de 1500 à avoir répondu à l'appel lancé par les délégués. Finalement, ils ont pu bloquer l'avenue de Pékin qui mène à la place du 1er Mai direction sud. Les véhicules ont été arrêtés illico presto. Les étudiants ont par la suite décidé de s'asseoir à même le sol pour ne pas être délogés. Ils scandaient des slogans hostiles au ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia. On pouvait entendre, «Harrouabia dégage», «Y en a marre de la hogra», «On veut l'intervention du président», «C'est ici que nous dormirons», et autant d'autres messages lancés aux pouvoirs publics généralement, et à la tutelle particulièrement. Ils voulaient également montrer leur rejet concernant les conclusions de la conférence nationale du 27 mars dernier. Un délégué de l'Ecole supérieure d'informatique nous a expliqué que «malgré le mouvement de contestation de février et mars, le ministère ne reconnaît toujours pas le titre d'ingénieur d'Etat. La preuve, lors de la conférence nationale, ils ne l'ont pas maintenu. C'était de la littérature ce que le ministre a prononcé lors de son discours. Pour lui, l'ingéniorat est équivalent à la licence. Ce n'est pas logique. Depuis quand 5 années d'études sont égales à 3 ans passés dans l'enseignement supérieur ?» Toutes les grandes écoles étaient représentées, à savoir celles de Polytechnique, des Travaux Publics, du Commerce, d'Agronomie, d'Architecture et d'Urbanisme, des Statistiques et d'Economie appliquée, de Sciences commerciales (INC) et de Sciences informatiques. Les étudiants n'ont pas l'intention d'abandonner la protesta et ce, jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Ils estiment que «80% de leurs doléances n'ont pas été examinées par la tutelle». Ils prédisent l'organisation de sit-in chaque semaine. Certains veulent que les rassemblements aient lieu tous les jours. Le 2e round de la raclée Vers 14h, la bastonnade a repris, au moment où les étudiants voulaient ont encore tenter de monter vers la présidence de la République. Elle était plus violente que la précédente. On voyait des étudiants fuir de partout pour ne pas être frappés par les policiers. Des brigadiers antiémeutes présents sur les lieux n'ont pas hésité à frapper même à mains nues. Incapables de se diriger vers la présidence, vu que les policiers étaient de plus en plus nombreux, les étudiants ont été une nouvelle fois repoussés entre le lycée Bouamama et la porte nord de l'ambassade de Chine. L'avenue de Pékin a, suite à ce mouvement de force des policiers, été rouverte à la circulation. Notons que pendant presque deux heures, les automobilistes n'ont pu rouler en direction d'El Mouradia ou en redescendre. A 14h30, on dénombrait des interpellations parmi les étudiants. «Trois délégués et un étudiant ont été embarqués à l'intérieur des fourgons. C'est après deux heures que les policiers les ont relâchés», nous a affirmé Lyès, de l'Ecole des Travaux publics. Dans le même sillage, 3 étudiants ont été transportés à Mustapha Bacha pour être hospitalisés. A l'heure où nous mettons sous presse, les étudiants campent toujours à El Mouradia. Leur but reste le même : se rassembler devant la Présidence pour arracher une audience avec le premier magistrat du pays. Soulignons qu'aujourd'hui, la marche du million d'étudiants est maintenue. Elle devrait démarrer de la Grande Poste vers le Palais du gouvernement.