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Veillées de Ramadhan en liesse majeure
Oran
Publié dans Le Temps d'Algérie le 17 - 08 - 2011

, les soirées de Ramadhan, c'est comme un livre d'aventures qu'on feuillette avec émerveillement. La lecture se fait tantôt trépidante, tantôt calme au gré des pulsations d'une ville qui sait donner des couleurs à ses veillées.
Oran, le soir, le ventre repu et l'esprit revigoré après une journée de jeûne, sait comment faire de sa nuit un moment inoubliable. Elle peut livrer sa crinière à la brise qui balaie doucement le boulevard du front de mer. Elle peut s'offrir des moments de shopping à la rue Larbi Ben M'hidi, ou envahir les salons de thé de la rue Khemisti pour se regarder dans les yeux, se dire des mots doux et emplir sa tête de rêves aux couleurs chatoyantes.
Parfois nonchalante, elle pousse sa quête d'aventures jusqu'à jeter l'ancre dans les ronds-points gazonnés du centre-ville qui deviennent chaque été, des espaces à se disputer avec bec et ongles. Les grappes humaines qui prennent possession de la ville ont besoin de chaleur. Elles ont tant de choses à se dire, à partager. Les longues files qui se forment devant les vitrines des magasins de la rue d'Arzew, sont comme des lucioles attirées par une étincelle qui brave la lumière des étoiles.
Elles sont à la recherche de la bonne affaire pour habiller le petit dernier, pour couvrir de soie la nouvelle mariée ou pour emplir ses yeux du scintillement des produits dernier cri ramenés par brassées par des femmes qui ont bravé les émeutes de Syrie pour revenir chargées de ballots. Elles ont inondé le marché de froufrous de soie, de douceur de satin pour le seul plaisir de vêtir les corps de jeunes femmes à la peau encore halée par le soleil de juillet qui a tiré sa révérence depuis longtemps.
La rue d'Arzew, le rendez-vous des bonnes affaires
Les néons des magasins teintent la nuit oranaise de mille et un tons. On vient à la rue d'Arzew pour la bonne affaire. On paye le prix fort mais on repart l'esprit guilleret et l'âme rassurée. «J'ai fais la bonne affaire.
Je ferais pâlir d'envie ma voisine qui croyait avoir décroché la timbale en achetant les habits de ses enfants à M'dina J'dida où on ne trouve que les produits chinois ou ceux ramenés du Maroc ou confectionnés dans de poussiéreux ateliers de couture clandestins. Cinq dans ses yeux», dira Zohra à sa cousine qu'elle avait ramenée de Aïn Temouchent pour lui mettre plein la vue.
Les magasins affichent des soldes trompeurs, aguicheurs et ils trouvent leurs comptes. La clientèle attirée ne quitte le magasin que les bras remplis. On se bouscule parfois dans certains commerces, qui n'hésitent pas, de temps à autre, à fermer leurs portes pour satisfaire un contingent de clientes, avant d'accueillir une autre fournée de clientes promptes à délier les cordons de leurs bourses.
Les étals sont vidés à vue d'œil. Les produits sont essayés, tâtés, palpés. C'est un véritable défilé de mode qui se répète à chaque fois devant les vendeuses dont le sourire de rigueur s'est transformé depuis longtemps en rictus. Les caisses enregistreuses sont martyrisées au grand bonheur du commerçant qui, l'oreille rivée à son portable passe commande sur commande, en se frottant les mains.
Les bras chargés de sachets, on se permet une dernière virée au marché Michelet pour faire le plein de bijoux de fantaisie pour ceindre la mèche de la petite dernière de barrettes aux couleurs chatoyantes. On flambe ses derniers sous, on ne laisse dans le fond de sa poche que quelques dinars pour se payer un taxi où s'agripper au dernier bus encore en service. Mais on rentre chez soi avec le sentiment du devoir accompli.
«mes enfants seront pimpants le jour de l'Aïd. Ils pourront même arborer leurs nouvelles tenues le jour de la rentrée. Il ne me reste plus que les achats pour préparer les gâteaux et j'aurais passé un Ramadhan dans la pure tradition de mes parents», dit avec vanité
Zohra.
Les salons des amours naissants et des idylles brisées
La rue Khemisti est un espace ouvert aux jeunes. On y vient pour s'attabler dans les salons de thé pour apprécier une chicha parfumée au citron ou pour attendre sa dulcinée qui doit ruser pour sortir. Au bout de mille et un stratagèmes, et d'un soupçon de mensonge, la belle franchit le pas de la porte du salon. C'est l'éclair qui illumine le ciel du prince charmant.
Elle s'attable et un flot de sentiments inonde alors les lieux. On se boit des yeux, on se fait des promesses, on meuble le silence par de longues gorgées de jus et de taffes de narguilé. C'est une ambiance feutrée que ne dérange que le bruit des cuillères qui touillent un café ou le glouglou de la chicha qu'on essaye gauchement d'apprécier.
On fait comme dans le temps béni des salons andalous. On se prête au jeu de la séduction. On se jure fidélité tout en clignant des yeux vers la voisine affalée devant un homme qui a l'âge de son père, avachi sur un fauteuil prêt à rendre l'âme. On s'aime, on se déchire, on construit des rêves, on détruit des châteaux de cartes. On ne reste pas indifférent ?
On ne reste pas silencieux. On meuble son temps comme on peut.Dans les salons équipés de système wifi, on tchatche avec la voisine de table, on envoie un poke à une voisine rencontrée au détour d'une halte sur Facebook. On visite ensemble le monde.
On embarque ensemble sur un fétu de paille pour aller loin, très loin là où ne porte aucun regard. On vit le moment, on meuble sa soirée de Ramadhan comme on peut. On se ressource, on se dit je t'aime, on se dit je te déteste, on se dit au revoir et on se dit au diable mais on ne reste pas silencieux, on ne reste pas indifférent.
Les salons de thé et les terrasses des cafés de la rue Khemisti sont une mer de sentiment où plonge jusqu'au bout des «tiffes» la ville. Ici on ne vend pas, ici on n'achète pas. Ici on se rencontre, on vit l'ivresse du moment avant de se dire au revoir pour rentrer très vite chez-soi.
Le boulevard de l'air vivifiant
Sur le promontoire du boulevard du front de mer, la ville déambule à la recherche d'une fraîcheur que chasseront les dards du soleil de la journée. Sur le boulevard on va, on vient. On erre sans but avant de s'attabler à une terrasse de crémerie. Au théâtre de verdure, les chebs qui s'égosillent pour baigner de décibels la scène poussent les jeunes à improviser des pas de danse.
Timides au début, ils deviennent trépidants au fil du temps et au fil du flot de musique. La ville s'amuse, danse, se côtoie, se regarde dans les yeux avant de se laisser entraîner dans l'ambiance festive des journées du rire.
Les comédiens, dans des one man shows tentent de provoquer l'hilarité. Ils improvisent, tentent d'impliquer les présents dans des sketches qui racontent la vie, le quotidien de l'Oranais, le quotidien de l'Algérien. On sourit, on rit mais on ne reste pas indifférent. Sur le boulevard, les gens vont et viennent pour se ressourcer pour reprendre des couleurs après une journée de Ramadhan.
On s'arrête, on se tourne vers l'horizon pour humer l'air frais rempli d'odeurs marines avant de reprendre sa marche sans but précis. Les terrasses des cafés et des crémeries ne désemplissent que quand le muezzin monte sur le minaret pour appeler à l'imsak.
La ville alors, le corps engourdi par un sommeil qui commence à peser rentre chez elle pour se livrer au sommeil avant de se lever le matin pour refaire les mêmes gestes, emprunter les mêmes chemins et surtout hanter les mêmes marchés et les mêmes magasins. Et quand vient la dernière page, la dernière ligne, le dernier mot du livre d'aventures, Oran aura alors vécu sa soirée sans se soucier du temps qui passe, des prix qui augmentent ou des produits qui se font rares ni encore moins des humeurs qui se font acariâtres.


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