Les mouvements de protestation se succèdent les uns après les autres dans la wilaya de Ouargla. Des actions à travers lesquelles la revendication de postes d'emploi revient tel un leitmotiv. La dernière action en date remonte à jeudi. A l'appel des représentants locaux du Comité national de la défense des droits des chômeurs (CNDDC), des dizaines de chômeurs de Ouargla ont tenu un sit-in au niveau de la place Tahrir du centre-ville. Cette énième protestation avait pour objectif de dénoncer «une affectation plutôt clientéliste des nouveaux postes d'emploi tout juste créés par la compagnie Sonatrach à Hassi Messaoud», selon des sources. Ce rassemblement a succédé à une autre manifestation du même genre tenue la veille devant le siège de la wilaya par les travailleurs limogés par la société 2SP, une filiale de Sontarach spécialisée dans le gardiennage dans la même zone pétrolière de Hassi Messaoud. Aucun incident notable n'a été signalé au cours de ces deux manifestations. «Un cercle mafieux dans le marché local de l'emploi» Toutefois, la question qui se pose, c'est celle de savoir si cette protestation que connaît cette wilaya, en dépit des mesures décidées par les hautes autorités du pays pour assainir la problématique du chômage, est réellement spontanée, ou est-elle l'objet d'une manipulation ? Rencontrés à Ouargla, des responsables de l'Agence nationale de l'emploi (Anem) évoquent, sous couvert de l'anonymat, «l'existence à Ouargla d'un cercle mafieux intéressé par le maintien du chaos sur le marché local de l'emploi pour désigner l'Anem comme bouc émissaire». «Tapis dans l'ombre et tirant les ficelles pour faire perdurer l'émeute à Ouargla, ce cercle est composé de personnes puissantes monopolisant le marché de l'emploi et activant au nom d'associations et d'organisations de la société civile et soutenues dans leurs actions par des entrepreneurs et une partie des élus locaux et même certains parlementaires», révèle Mohamed Hemmim, membre de la délégation des chômeurs ayant été reçue le 2 avril à Alger par des membres du gouvernement, notamment Dahou Ould Kablia, Tayeb Louh et Rachid Benaïssa, ainsi que le DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine. Pour sa part, Maâmar Belabès, un autre chômeur membre de la même délégation, a indiqué que «ce cercle mafieux cherche à ce que le chômage perdure à Ouargla pour pousser les gens à la violence». Des offres d'emploi «vendues» à 20 millions de centimes Le maintien d'une telle situation semble arranger les «barons» de l'emploi ayant fait main basse sur le marché de l'emploi à Ouargla sachant qu'«un poste de travail est cédé en contrepartie de sommes d'argent pouvant aller jusqu'à 20 millions de centimes, selon l'importance du poste», affirment nos interlocuteurs rencontrés à Ouargla. Ils mettent l'accent, en outre, sur les différentes agences de l'Anem implantées dans cette wilaya pour les empêcher de fonctionner normalement. Ils dénoncent aussi la manière avec laquelle de nombreuses sociétés de sous-traitance implantées à Ouargla procèdent à la mise à disposition du personnel au profit de grandes entreprises étrangères ayant des marchés avec la Sonatrach à Hassi Messaoud. «Ce genre de méthodes pratiquées au nom de la sous-traitance relève en réalité de la traite humaine», estiment nos interlocuteurs.