ce parti a commémoré, jeudi, le neuvième anniversaire de sa mort. La Fondation Bouslimani a réuni, jeudi à l'hôtel Safir, les amis et proches de feu Mohamed Bouslimani pour reconstituer la mémoire disparate de l'homme qui est en train de se façonner en mythe. Mais la rencontre s'est déroulée sans la présence de son compagnon Mahfoud Nahnah qui est en convalescence en France. Ainsi, un livre et deux documentaires disponibles en CD et en cassette vidéo ont été réalisés afin de rendre accessible le parcours d'un homme-symbole aux militants du parti qui ne l'ont pas connu. Le livre retrace le parcours de Mohamed Bouslimani depuis sa naissance en 1941 à Blida jusqu'à son enlèvement et son assassinat en janvier 1994. Son parcours se confond avec celui de Mahfoud Nahnah. Dès son enfance, Bouslimani travaille déjà avec le père de Nahnah qui était maçon. Il suivra ensuite sa scolarité dans l'école «libre», El Irshad oua islah, qui dépendait du mouvement nationaliste rattaché au PPA-MTLD. En même temps, il s'est inscrit à l'école française qui lui permet de dcrocher un diplôme. On le retrouvera plus tard avec Mahfoud Nahnah à la faculté de lettres à l'université d'Alger. Depuis, ils ont vécu côte à côte jusqu'à ce que la mort les sépare. Mais leur véritable histoire n'a commencé qu'en 1976. Lors des débats sur la Charte nationale, les deux hommes ont rédigé un tract intitulé: «Où allez-vous comme ça, Boumediene?». Ils sont arrêtés et torturés. Bouslimani est emprisonné à Berrouaghia puis gracié en 1979 alors que son compagnon reste dans l'isolement à la prison d'El-Asnam jusqu'au tremblement de terre de 1980. Il est transféré à Mostaganem, puis gracié par Chadli. En 1982, lors de la manifestation des islamistes devant la faculté centrale, les deux hommes ne réapparaissent pas publiquement même si Bouslimani a révélé que c'était Nahnah qui avait rédigé le communiqué lu devant l'assistance très nombreuse ce jour-là. Entre-temps, l'Algérie a traversé de grandes turbulences politiques et économiques suivies de troubles sociaux. Les événements d'octobre 1988 mettent sue le devant de la scène les futurs animateurs du FIS et occultent le rôle du groupe Nahnah qui aspirait à jouer les premiers rôles. Ces derniers rejoignent, avec les autres tendances du mouvement islamiste, la Ligue de la Da'awa islamique, conduite par Ahmed Sahnoun. Mais le groupe Benhadj a déjà pris une longueur d'avance. Ils créent le FIS malgré l'opposition de Sahnoun et de Mohamed Saïd qui a failli être lynché à la mosquée Sunna de Bab El-Oued. On retrouvera Bouslimani dans toutes les causes. Il a pris son bâton de pèlerin et s'en est allé soutenir tantôt les combattants de Bosnie, tantôt les Afghans, mais la cause palestinienne reste sa préoccupation cardinale. Lorsque les premiers groupes terroristes se constituent, Hamas, le parti de Nahnah et Bouslimani, s'y oppose. Au mois de décembre 1993, la scène connaît une série d'enlèvements qui ont ciblé les intellectuels islamistes. Bouslimani fait partie de la liste. Il est enlevé chez lui à Blida. Selon la version officielle, encore valable, ses ravisseurs lui ont demandé de prononcer une fetwa pour cautionner le djihad. Il est condamné à mort et exécuté. Son corps sera découvert, un mois plus tard, enterré avec d'autres corps dans un cimetière près de Boufarik au moment où se tenait la Conférence du dialogue national (janvier 1994). Aujourd'hui, Bouslimani est devenu le martyr du MSP. Il représente, parmi d'autres victimes, le prix qu'a payé le parti de Nahnah pour la sauvegarde de la République.