Hubert Védrine sera demain à Alger dans la perspective d'amener le gouvernement à intégrer l'alliance internationale antiterroriste. Le Quai d'Orsay entreprend de confirmer ses engagements auprès des Etats-Unis et dépêche, dans ce cadre, le chef de sa diplomatie, Hubert Védrine, en visite rapide en Tunisie, en Algérie et enfin au Maroc. La mission de Védrine sera d'expliquer aux trois chefs d'Etat maghrébins la position de l'Union européenne vis-à-vis de la série d'attentats qui ont secoué les Etats-Unis le 11 septembre dernier. Il tentera également de convaincre les trois pays à se rallier à l'alliance internationale pour la lutte antiterroriste. La visite du ministre des Affaires étrangères français à Alger pour appeler les autorités à soutenir une action antiterroriste à grande échelle sera, pour Védrine, une affaire bien délicate! Elle sera certainement empreinte de toutes ces ambiguïtés que le Parti socialiste français n'a cessé d'entretenir lorsqu'il s'agissait, pour l'Algérie, de combattre un terrorisme barbare. La duplicité qui, par ailleurs, a de tout temps marqué le discours du PS concernant le terrorisme en Algérie, a fini par alimenter le doute dans l'esprit de la communauté internationale. Ainsi, les assassins qui perpétraient des crimes abominables ne pouvaient être, aux yeux de la gauche française, parfaitement identifiables : jamais encore la fameuse question «Qui tue qui» n'a eu tant d'écho! En effet, contrairement à la droite française, dont la politique gaullienne avec les Etats arabes est plus prudente, le Parti socialiste français n'a pas hésité à soutenir l'Internationale socialiste et ce, dans une campagne menée sans merci contre le pouvoir algérien. Entre-temps, les services français traitaient avec les relais des groupes terroristes en France pour qu'ils n'y commettent pas d'attentats. La gauche française avait également exploité le mouvement kabyle pour lancer l'idée d'un Etat berbère relayé plus tard par Ferhat M'henni. En tout état de cause, la politique française, ainsi déterminée par un sentimentalisme de vieux colon, a laissé échappé son ancienne zone d'influence et a établi des relations conflictuelles avec le pouvoir algérien. En soutenant les islamistes et en surmédiatisant des livres écrits dans le seul but de ternir la réputation de l'armée algérienne, la gauche a, néanmoins, fini par se compromettre! La nouvelle conjoncture internationale a bien bousculé son ancienne position notamment lorsque la Maison-Blanche reconnaît que le terrorisme est, inéluctablement, un phénomène dangereux dont il faut se débarrasser et que le GIA et le Gspc sont bel et bien des groupes terroristes à démanteler. Le gouvernement français ouvre alors les yeux sur l'imminence du danger terroriste et sur une nouvelle situation internationale où il va falloir se positionner. Le Quai d'Orsay change de discours en s'apercevant qu'aucun plan, Vigipirate ou autres, ne pourrait garantir un degré zéro de prévention contre le terrorisme.