Aucune école de formation consacrée à la critique d'art n'existe en Algérie. «C'est une critique qui ne sert à rien». C'est en ces termes que s'est exprimé M. Stani Chaine, lundi à l'Ecole nationale des Beaux-arts lors de cette dernière journée de conférences, consacrée cette fois-ci à «la critique d'art». Certes, dans la société où nous vivons chacun de nous a son propre porte-voix, une sorte de support sur lequel on s'appuie pour exprimer certaines idées et concepts. L'historien se sert de sa plume, le photographe de son appareil-photo et enfin l'artiste peintre se sert bien évidemment de son pinceau. Sauf que ce qui le différencie des autres c'est que l'artiste, lui, lorsque lui vient l'envie de peindre c'est la spontanéité de son esprit qui le guide. En somme, le critique d'art ne peut pas entrer dans la peau de l'artiste en lui dictant ce qu'il doit ou ne doit pas peindre. C'est pour cette raison que M.Chaine estime que le critique d'art ne sert à rien et qu'on ne peut polémiquer sur ce genre de choses parce que chaque artiste a sa propre vision concernant l'art. On dit souvent que «le critique d'art n'a pas à se substituer à son artiste», c'est visiblement ce que voulait affirmer M.Chaine lors de cette rencontre lorsqu'il affirme que le critique d'art est souvent attaché à un mouvement de propagande. Dans ce cas, la ligne médiatique de celui-ci ne peut être objective. Néanmoins, poursuit le conférencier, «cela n'empêche pas le critique d'art de porter à l'artiste un éclairage, en lui faisant découvrir peut-être d'autres dimensions que l'artiste ignorait». Baudelaire, précise M.Chaine, l'un des plus grands critiques d'art du XIXe siècle avait justement cette vision sensible de l'art qu'il exprimait à l'époque à travers des catalogues. Sauf qu'au XXe siècle, cette vision ne fera pas long feu et devient vite une vision politique voire sociologique. Cependant, certains étudiants ayant assisté à cette conférence ne voyaient pas tellement l'intérêt de polémiquer sur ce genre de sujets lorsqu'on sait pertinemment que l'art en Algérie demeure un domaine négligé dont on ne parle que rarement. Aujourd'hui, peut-on vraiment parler de « critique d'art » lorsqu'on sait qu'il n'existe aucune école de formation en la matière en Algérie. Cette spécialité demeure malheureusement marginalisée voire inexistante dans nos annales. Le problème de ce «décalage culturel» qui se pose entre l'Algérie et les autres pays, s'explique par le fait que nous n'avons toujours pas atteint le niveau intellectuel requis pour la promotion de notre art, même s'il existe une élite d'artistes peintres en Algérie. Gérard Mathie, artiste plasticien, a été très étonné lorsqu'il s'est aperçu qu'il n'existe pas de revue d'art pour les étudiants de l'Ecole des Beaux-arts. Or, en France la revue Dada, des éditions Manga, représente la première revue d'art consacrée aux étudiants des Beaux-arts. Selon M. Gérard c'est une revue qui relate toutes les expériences pédagogiques de chaque artiste, elle comporte plusieurs rubriques consacrées aux voyages, à la fiction et également à la photo. Elle est dénuée de toute publicité et ne prend pas part à la politique éditoriale de la revue, ses partenaires sont tous des hommes de culture.