Ce qui n'était que simple spéculation tend à devenir une réalité incontournable. Alors que certaines informations laissaient entendre l'annonce d'un remaniement ministériel imminent, c'est carrément le Chef du gouvernement, Ali Benflis, qui s'apprête à rendre son tablier pour se porter candidat à la prochaine présidentielle. La démission ou l'éviction de Ali Benflis, secrétaire général du FLN et Chef du gouvernement en poste tend à devenir une réalité inéluctable. Cette démission était d'ailleurs attendue par les observateurs de la scène politique depuis la dernière sortie médiatique de Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, réputé très proche du Président de la République, qui s'est attaqué au secrétaire général du FLN en dénonçant la mainmise sur le dernier congrès du FLN. «Loin d'offrir une opportunité salutaire pour rompre avec des pratiques révolues et engager le parti sur une voie résolument moderne et démocratique, ce congrès a été, de mon point de vue et contrairement au discours ambiant, un véritable barrage à toute ouverture sur la société. Il a, en effet, érigé un véritable rideau de fer devant les intellectuels, la jeunesse, les travailleurs...», avait martelé le ministre qui avait prévenu qu'«à l'avenir, au lieu d'un débat fécond et de la confrontation d'idées, nous aurons droit à un discours uniforme, aseptisé et à sens unique». De même, ajoute-t-il, «au lieu d'oeuvrer à la promotion de moeurs démocratiques au sein du parti, nous assisterons à l'exhumation de l'opportunisme et de la cooptation qui seront désormais érigés en règle de fonctionnement du FLN». Des divergences qui ont précipité le divorce entre le Président de la République et son ex-conseiller et directeur de campagne, lors de l'élection présidentielle de 1999. D'ailleurs, le Chef du gouvernement s'est, à plusieurs reprises, démarqué de la politique de privatisation et certains projets de loi sans oublier l'épineux problème de la Kabylie qui n'arrive toujours pas à trouver son dénouement. A ces divergences d'idées est venue s'ajouter l'exclusion de certaines personnalités politiques dites très proches du locataire d'El-Mouradia, du comité central du FLN, un parti qui avait, auparavant, apporté son soutien au Président de la République. En outre, la composition du comité central, élu par ce congrès, était aussi un autre point de discorde accréditant davantage la thèse de divorce entre les deux hommes. Ces contradictions, dans la gestion des affaires de l'Etat, sont apparues au grand jour lors de la tenue des travaux du dernier congrès du FLN, lorsque Ali Benflis a émis des réserves au sujet de la politique du Président de la République. D'autant que plusieurs ministres en exercice risquent de faire les frais de ce divorce en n'ayant pas répondu aux attentes du Président De ce fait, le futur Chef du gouvernement ne devra pas trouver de difficultés à composer son équipe en rappelant ces personnalités écartées. A cet effet plusieurs noms et pas des moindres commencent à circuler au niveau de l'hémicycle, à l'instar de Belkhadem ou de Saïd Barkat. Ce qui ne serait pour ce dernier qu'un juste retour des choses pour le soutien indéfectible qu'il a toujours manifesté au Président. En outre, le futur chef du gouvernement devra maîtriser les dossiers brûlants de l'actualité politique, économique et sociale. De ce fait, le prochain gouvernement aura la lourde tâche de répondre aux aspirations du peuple et de calmer les esprits surchauffés depuis la dernière grève initiée par la Centrale syndicale pour protester contre la politique de privatisation et des hydrocarbures. La crise de Kabylie est un autre sujet brûlant auquel le successeur de Benflis devra trouver une solution sur la base d'une nouvelle initiative que la Présidence s'apprêterait à rendre publique avant le 20 Avril. Mais à l'heure actuelle, aucun indice n'est venu corroborer cette hypothèse d'autant qu'Ali Benflis a nié dernièrement qu'il y ait des divergences entre le programme du FLN et celui du gouvernement, qu'il a toujours assimilé à celui du Président de la République. On prête à Ali Benflis la volonté de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce qui laisse présager, selon les observateurs, d'un abandon du Président par certains cercles de décision qui auraient changé de fusil d'épaule. Ainsi l'émergence sur la scène politique nationale de nouvelles formations politiques tend à corroborer l'hypothèse d'un affrontement Bouteflika-Benflis à la présidentielle de 2004.