Abdelhadi I, la vingtaine dépassée, primaire et Khaled E.A. vingt-cinq-ans, récidiviste sont poursuivis pour vol qualifié et pour lequel ils avaient écopé d´une peine de réclusion criminelle de vingt ans. Leur dossier revient de la Cour suprême dont les juges avaient cassé le jugement à la suite de la formulation des questions posées par le tribunal criminel de Blida, qui étaient complexes. Comprenons par là que les jurés ayant entendu cette question qui contenait elle-même plusieurs autres, était devenue... sombre. Maître Chabi Benouareth et son ami d´Alger Maître Houcine Bouchina, les deux avocats étaient ce dimanche heureux comme leurs gamins un week-end, en évoquant cette heureuse coincidence qui a vu la cassation être élaborée sur le même point. Donc, rebelotte! Le dossier est de nouveau devant le tribunal criminel de Blida. La composition est strictement féminine: trois magistrates chevronnées et sûres de leurs manoeuvres durant les débats qui débuteront juste après le tirage au sort des deux jurés septuagénaires, par ailleurs et qui ont gardé des «têtes de policiers rudes» avant leur départ à la retraite. Les gendarmes sont là. Au garde-à-vous dû au tribunal criminel, suivra une attention soutenue en compagnie des agents locaux de la Dgsn même si leurs missions diffèrent à la cour. El Hadi Mokadem, ce bon vieux (déjà) greffier va souffrir le martyre en lisant l´arrêt de renvoi où les faits sont donnés tels quels en direction de la seule accusation. Lassant et agaçant moment que cette «torture» de l´arrêt de renvoi, une torture supportée par les non-initiés qui n´attendent que les débats... Le premier accusé de vol qualifié avoue avoir volé en entrant par effraction dans le domicile de Naïma. Il avoue en posant une question au tribunal criminel sur le désistement de la victime et ces poursuites qui continuent avec ces dix ans de réclusion prononcés à son encontre ainsi que son compère, lui aussi de Koléa. La présidente va alors prendre sa patience entre ses mâchoires, enfourcher un étalon et expliquer l´opportunité des poursuites qui ne relèvent pas de la victime ou de la partie civile. «Le fait est, accusé, que le ministère public qui représente la société, ne recule plus devant un crime jusqu´à ce que justice soit rendue. C´est compris ou je reprends?» dit... en réalité, l´accusé Khaled. E.A a reconnu le vol mais évite tous les faits que nous allons vous résumer ainsi: un beau matin de 2005, Khaled et Abdelhadi descendaient la rue lorsqu´ils virent un couple quitter un domicile. Ils décidèrent alors de cambrioler cet appartement. Ils entrèrent aussi facilement qu´ils en sortiront vingt minutes après le méfait de vol et de...menace. Effectivement, les deux jeunes voleurs avaient cru que le domicile était désert. Manque de pot, il y avait une seconde femme dans la cuisine. Le couteau est brandi. Les menaces de mort suivent. Le cambriolage est annulé. «On a appris plus tard que l´une d´elles nous poursuivait. Je ne comprends pas», dira Khaled qui en veut à la société algérienne qu´il qualifie d´hypocrite et de cupide. «Parce que vous avez opté pour le gain facile», coupe la présidente qui lui rappelle que les bijoux avaient été revendus à... Rouiba. Sacré chemin Koléa-Rouiba via Mazafran et Oued Smar. Et le client de Maître Bouchina d´avoir une gentillesse avec ce personnage «absent», le procureur général qui reviendra sur les faits, en particulier les menaces de mort lui même, la violation de domicile, l´effraction, ne l´intéressant plus tellement, Bref, ce n´est pas le verdict, car c´est une partie au procès, pas plus. Abdelhadi I le second accusé annonce, d´entrée, que c´est un délinquant primaire qui crie sa douleur de s´être trompé en décidant d´entrer chez des gens qu´ils ne connaissaient pas. «Allah...» «Non, non, non, arrêtez accusé, Allah n´a rien à voir dans ce dossier. Allah n´est que Bien, Amour, Miséricorde. Il n´a rien à voir avec vos crimes», reproche la juge. L´accusé revient à de meilleurs «mots». Il parle d´enfer à la prison. De faute commise lors de l´effraction de la serrure «A dix neuf ans, je me suis retrouvé avec dix ans de réclusion et sans avenir», se lamente Abdelhadi qui réaffirmera qu´il n´avait pas de couteau sur lui. Cette déclaration n´est pas conforme à celle faite devant le juge d´instruction. Le tribunal criminel insiste. L´accusé rappelle que c´est son jeune âge qui était dernière ce crime. «Vous avez cru au père Noël. Vous aviez mis des cagoules, pris un couteau en oubliant les surprises», tonne la présidente. Toutes les déclarations faites, remises en question ou liées seront décortiquées au cours des délibérations du tribunal criminel qui infligera une peine de sept ans. C´est dire que, non seulement l´effraction et la violation du domicile ont été retenues, mais encore le vol et le port d´arme blanche qui aura servi aux menaces. Visiblement, les trois années d´emprisonnement «ôtés» du décompte (dix ans réclamés) ont été le résultat des circonstances atténuantes vu l´âge des délinquants. Mais ce ne sont ici que des «spéculations» car le huis clos ne nous permet pas de vous affimer les lignes ci-dessus. Amers Maître Bouchina et Maître Benouareth nous ont fait part de leur déception car, fauter à dix-neuf et vingt deux ans en 2005, méritait une perche de la justice. Ah! Si ce Abdelhadi et Khaled savaient avant d´entrer chez les autres ce qui les attendait, ils n´auraient jamais connu les affres de la détention préventive et encore moins de l´incarcération et pour longtemps encore.