Maître Mentalecheta était...ivre de savoir sur le droit pur qu´il enseigne en toute sobriété... Mohand Arezki A. le client de maître Mohamed Menta-lecheta, était mal inspiré ce jour de février 2009 lorsqu´il avait comparu pour s´être fait prendre au volant en état d´ébriété avec un taux de zéro gramme six. Mal inspiré car au moment où il s´approche du pupitre royalement occupé par Samira Kirat, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs, il a dû se remémorer ce maudit jour de novembre 2008 où, sans se rendre compte de ce qui allait lui arriver, il allait aussi, sans se douter que les policiers rôdaient dans les parages d´El Biar-centre, se mettre à la poursuite d´un automobiliste qui lui était entré dedans. Evidemment, poursuivre l´auteur d´une fâcheuse collision involontaire et tout en étant sorti à peine des bras de Bacchus, c´était prendre un risque que seul Maître Mentalecheta allait «rapiécer» sans trop de soucis car, en prof averti qui en a vu d´autres, il aura tout le loisir d´expliquer d´abord que la consommation d´alcool avait eu lieu à midi. Et ce n´est que sept heures plus tard qu´il avait été pris, confondu et interpellé. Donc, ce n´était pas si grave et «n´était sa colère de remettre à sa place l´auteur du coup à l´arrière du véhicule, il aurait traversé tout El Biar sans encom-bre ni tracas», a dit le défenseur des Asphodèles. Abdelkrim Bouderbali, le représentant du ministère public, n´ira pas jusqu´à la prose mais allait quand même requérir à la limite de la sévérité sur un air de plaisanterie qu´on pêche au vol dans les salles d´audience noyées dans une agaçante solennité souvent harassante lorsqu´elle n´est pas carrément gênante: Alors, même s´il n´est pas interdit de consommer de l´alcool, il est par contre plus qu´interdit de conduire en état d´ivresse. Pour vous, le comble de la coïncidence a joué contre vous. Vous vouliez jouer au «Zorro d´El Biar», vous aviez été conduit au poste tel un «Binini», avait articulé le procureur, l´oeil vif et le menton haut. Kirat, les cheveux en bataille, avait suivi toute cette intervention, la tête penchée du côté opposé à Bouderbali alors que Maître Mentalecheta, le conseil de Mohand Arezki A., était impatient de dire ce qu´il avait sur le coeur autour de ce dossier de flagrant délit. Un flagrant délit qui aura duré trois longs mois, Dame analyse de Rostomia Châteauneuf étant de la partie. Et à ce sujet, le défenseur allait, comme d´habitude casser la baraque, démontrant par-là, qu´une affaire de justice avait la même valeur quels que soient le délit, le crime, l´infraction. Et comme tout avocat qui conseille à son client de reconnaître la bêtise, celle d´avoir bu (qui n´est pas puni par la loi) mais celle d´avoir pris un gros risque en prenant (excusez l´abus du verbe «prendre») le volant dans une malheureuse position. Et Si Arezki a eu du pot en tombant sur ce défenseur au grand mérite, il n´en a pas eu en tombant à l´audience, dans les bras de Kirat, cette grande présidente qui ignore les sentiments dans ces cas d´espèce! C´est pourquoi, le verdict condamnant Arezki à une forte amende après un court séjour de détention préventive, n´a ni déçu ni réjoui l´avocat. C´est ici un verdict mi-figue mi-raisin, surtout lorsqu´on sait ce qu´être libéré, et rentrer chez soi veut dire. La liberté seule peut faire oublier les troubles nés de ce dossier. Une question cependant: Arezki a-t-il vraiment appris la leçon? Seul l´avenir nous le dira. Et Arezki devra choisir entre obéir à Maître Mentalecheta et Maître le seigneur...Bacchus.