Des explosifs ont été saisis à Casablanca, rappelant au monde entier que le Maroc n'est pas sorti de l'auberge. L'agence de presse officielle marocaine a rapporté hier que «les services de sûreté de la wilaya du Grand-Casablanca (...) ont saisi, dans la nuit de lundi à mardi, dans une maison au quartier Attacharouk des produits chimiques pouvant servir à la fabrication d'explosifs». L'annonce ajoute que «ces produits (étaient) contenus dans des bouteilles d'un litre». L'information ajoute que «les produits ont été neutralisés à l'aide d'eau et de sable». Une enquête, comme de juste, a été ouverte en ce sens. Cette information, soulignent de nombreux experts, est venue confirmer que le Maroc est loin d'être tiré d'affaire et que des attentats de grande envergure sont peut-être en préparation au royaume. Au même titre que de nombreux Etats occidentaux, le royaume chérifien avait vu d'un oeil condescendant la montée de l'intégrisme islamiste sous ses yeux tant que ce dernier ne s'attaquait, violemment s'entend, à des pays comme l'Algérie. Le Maroc, qui refuse toujours de regarder la vérité en face, accuse «la main étrangère» et oublie, ce faisant, tous les groupes qui ont vu le jour sous ses cieux. Les plus connus sont Al-Hidjra wa Takfir, Assirat Al-Moustakim et Salafiya Djihadia. Ces groupes, comme rapporté dans ces mêmes colonnes, depuis de nombreux mois, sont passés à l'acte plusieurs fois sans que les autorités royales s'en émeuvent plus qu'il n'est décent, image de marque touristique oblige. Expéditions punitives, lapidations, fatwas intolérantes, assassinats...ne manquaient plus que les grands attentats lancés contre les «impies»... Driss Jettou, Premier ministre marocain, devant la chambre des conseillers (Sénat marocain), se contredit même dans ses déclarations puisque tout en accusant cette fameuse main étrangère, il n'en confirme pas moins que les 14 kamikazes sont tous marocains, issus de la même ville et du même quartier. Les autorités marocaines, très inquiètes, font état de la présence de groupes prêts à passer à l'acte à tous moments. Elles indiquent que, outre des attentats similaires aux précédents, susceptibles d'ensanglanter tout le royaume, les terroristes projettent même d'opérer des détournements d'avions sans préciser, toutefois, si lesdits détournements seront «classiques» ou bien pareils à ceux du 11 septembre 2001. Dans le même temps, des risques très grands continuent de peser dans de nombreuses régions du monde. Les Américains, qui s'attendent à un attentat «imminent», peut-être dans les prochains jours ou heures, viennent de faire passer le risque au niveau de l'alerte «orange», qui représente un «risque très élevé». Le secrétaire adjoint à la sécurité intérieure, Asa Hutchinson, en a fait l'annonce à cause d'informations précises relatives à la préparation d'imminents attentats qui seraient en préparation contre les Américains aussi bien dans leur territoire que dans d'autres parties de la planète. Cette alerte, croit-on savoir, est aussi liée à ce qui s'est passé au Maroc et en Arabie Saoudite, mettant en avant la fin de la «trêve» d'Al-Qaîda, son entrée en action sur les chapeaux de roue et ses capacités de nuisance toujours très importantes en dépit des nombreux coups qu'elle est censée avoir subis de la part des Américains en particulier et des polices du monde entier en général depuis les attentats du 11 septembre et la lutte planétaire contre le terrorisme déclenchée depuis. Des alertes similaires, ou plus graves encore, sont lancées un peu partout dans le monde, puisque même en Algérie des renforts visibles à l'oeil nu, ont été dépêchés afin de protéger l'ensemble des sites et hôtels fréquentés par les étrangers en visite dans notre pays. En Arabie Saoudite, où le risque est très grand de voir se renouveler les attentats de Riyad, l'Allemagne a procédé à la fermeture de sa section consulaire de son ambassade à Riyad ainsi que son consulat à Djeddah. Le ministre allemand de l'Intérieur, Otto Shlily, qui a annoncé la nouvelle n'a pas précisé jusqu'à quand ces institutions demeureront fermées au public. Dans ce pays toujours, la chasse aux terroristes bat toujours son plein. Trois membres présumés d'Al-Qaîda ont ainsi été interpellés à Djedda, non loin des côtes de la mer Rouge, selon des sources sécuritaires qui ont requis l'anonymat. Le lieu de l'arrestation, estiment des sources, fait craindre le risque de réitérer un attentat similaire à celui de «l'USS Cole». Une tentative similaire, contre la flotte anglaise, avait été déjouée il y a de cela près d'une année sur les côtes marocaines. La Grande-Bretagne et les USA ont, eux aussi, fermé leurs représentations consulaires et réduit au minimum leurs effectifs dans ces régions à très hauts risques. La crainte d'attentats-suicide a fait prendre à de nombreux pays occidentaux, dont l'Angleterre et la France, des mesures de sécurité renforcées pas toujours compatibles avec leurs conceptions des libertés collectives et individuelles dont ont usé jusqu'à la corde les criminels islamistes tant que seuls des Algériens en étaient les victimes. Al-Qaîda, qui a déjà pris bien souvent à contrepied les enquêteurs, analystes et experts du monde entier, peut fort bien le répéter encore fois en frappant dans un endroit inattendu puisque les services secrets américains viennent d'admettre que l'organisation d'Oussama Ben Laden vient d'entrer dans «une phase opérationnelle dans le monde entier».