Il y a eu une phase de flottement que les banques privées algériennes n'ont pas utilisée afin de se consolider selon les normes en la matière. Après le séisme d'El Khalifa, le secteur bancaire privé, de droit algérien, est, a priori, sur la voie de subir une première réplique, mais assez faible. Assez faible certes, dans la mesure où la Bcia reste, toute proportion gardée, une banque moins importante aussi bien en termes d'emplois (effectif) qu'en termes de liquidités détenues. Néanmoins, même si les risques sur le système bancaire national, en cas de disparition de la Bcia, ne sont pas «énormes», celui-ci ne fait, selon ce schéma pessimiste, que confirmer, douloureusement, la mauvaise santé de ce secteur. Il reste, en effet, peu de crédibilité à ce secteur spécifique et les dégâts occasionnés par les feuilletons de ces «vrais-faux scandales» demeureront, pour longtemps, perceptibles. Les opérateurs privés nationaux les plus sérieux auront, indéniablement, de grandes difficultés à faire passer une image de confiance et de sécurité, car tout, dans ce secteur, est question de confiance. Au-delà des chances de «survie» de la Bcia, il reste à savoir, d'abord, de quoi il ressort. L'ordonnance du 19 février 2003, relative au change et aux mouvements de capitaux, de et vers l'Algérie, a, relativement, «mieux» défini les responsabilités de chacun des intervenants dans le secteur bancaire. La première, et néanmoins la plus lourde, responsabilité, revient, au vu de ce texte, à la Banque d'Algérie en tant qu'instrument de régulation et de contrôle. Car, même si les responsables de la Bcia, tentent de placer les difficultés de leur banque sur des «interprétations» de textes juridiques ou autres «dépassements» dont une autre banque, la BEA en l'occurrence, aurait été à l'origine, il faut savoir qu'à ce jour, le dossier dit de la Bcia est auprès la justice, en phase d'instruction. Ce dossier qui ne contient pas moins de cinq affaires a, en outre, atterri entre les mains de la justice à la suite...d'une plainte déposée par le gouverneur de la Banque d'Algérie. Toutefois, même si la Bcia subit, éventuellement, le sort d'El Khalifa Bank, il serait approximatif de jeter l'anathème sur, et seulement sur, les banques privées algériennes. Du défaut de contrôle de la Banque d'Algérie à un début, même timide, il y a eu une phase de flottement que les banques privés algériennes, n'ont pas utilisée afin de se consolider selon les normes en la matière, probablement par absence de «stimulants». Et même si personne ne s'étonne de voir une autre banque privée aller vers le déclin, une question s'impose, entre-temps, d'elle-même : combien de temps cette période de flottement durera-t-elle encore? Le temps de subir d'autres secousses, probablement.