Le 17 Octobre 1961, à l'appel de la Fédération de France du FLN 30.000 algériens manifestent pacifiquement à Paris pour protester contre le couvre-feu discriminatoire qui leur est imposé et réclamer l'indépendance de l'Algérie. Sous l'autorité du préfet de Police de l'époque, Maurice Papon, la manifestation est durement réprimée. 11.538 Algériens sont interpellés, des dizaines d'entre eux seront tués. Pas d'enquête, pas de procès...50 ans après, le «Maghreb des Films» et «Au nom de la mémoire» se penchent sur la question en commémorant ce massacre à travers 7 longs métrages, fictions et documentaires, 4 courts métrages et clips sont projetés les 17 et 18 octobre. De riche activités feront partie de la programmation du Maghreb des films qui se tiendra cette année du 16 au 25 octobre. Aussi, affirme-t-on, les évènements d'Octobre 61, à Paris, sont comme un écho à ceux qui se déroulent aujourd'hui dans les pays du Maghreb et dans le «Monde arabe». «Ils appartiennent à la même Histoire». C'est pourquoi un zoom leur sera aussi consacré durant cette nouvelle édition du Maghreb des films. Ce cinquantenaire, placé sous le signe de la mémoire, sera également l'occasion d'un colloque et la programmation la plus exhaustive donc des films existants. Parmi eux Octobre à Paris, (1962-70') de Jacques Panijel, censuré durant 30 ans en France, c'est le premier film documentaire réalisé autour du massacre perpétré par les policiers Français. Ici, on noie les Algériens, de Yasmina Adi (2011-90'), Nuit noire, 17 octobre 1961, de Alain Tasma (2005-108'), 17 octobre 1961, dissimulation d'un massacre, de Daniel Kupferstein (2001-52') mais aussi 17 Octobre 1961, Une Journée portée disparue de Philip Brooks, Octobre Noir, Malek, Karim, Saïd et les autres, un court métrage mettant en scène cinq jeunes Algériens et trois jeunes Français, tous partis manifester pacifiquement contre le couvre-feu instauré par le Préfet de police Maurice Papon Tous se lancent, confiants, dans les rues de Paris, sûr de leurs droits d'Homme.. Aussi, on notera Le Silence du fleuve du réalisateur Mehdi Lallaoui qui n'est autre que le président de l'association «Au nom de la mémoire» qui organise durant la journée du 15 octobre prochain un colloque à l'Assemblée nationale. L'ouverture se fera par la projection de la préface filmée, À propos d'Octobre, qu'il a réalisée en 2011 pour la sortie en salles du film Octobre à Paris de Jacques Panijel qui intervient le 19 octobre, cinquante ans plus tard, et d'extraits de ce film. Au menu de ce colloque aussi plusieurs interventions dont Emmanuel Blanchard sur Octobre 1961 et la police des Algériens en région parisienne, des années 1920 à aujourd'hui: entre principes républicains et pratiques coloniales. Gilles Manceron évoquera quant à lui la mémoire de l'événement via les acteurs et ses obstacles (avec la projection d'extraits des films de Daniel Kupferstein, 17 octobre 1961, «Dissimulation d'un massacre» et «Mourir à Charonne», pourquoi? Aussi, une table ronde sera animée par Samia Messaoudi de l'association «Au nom de la mémoire» qui tentera de répondre aux questions «Quoi de neuf dans la connaissance des événements? Que faut-il aujourd'hui?». Des sujets qui seront débattues entre autres avec Jean-Luc Einaudi, Mohammed Harbi, Jim House, Neil MacMaster, Hassan Remaoun et Alain Ruscio. Enfin, la conclusion du colloque sera donnée par Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l'homme. «L'oubli est complice de la récidive», dit le commentaire dans le film Le Silence du fleuve de Mehdi Lallaoui. C'est pour que nul n'oublie ces massacres que cette commémoration doit être un signe fort pour se rappeler cette page de notre histoire commune et faire en sorte de la réécrire ensemble pour le devoir de vérité avant tout! Le dernier mot revient à Kateb Yacine qui écrivit un jour in Dans la gueule du loup (17 Octobre 1961. Mémoire d'une communauté, éditions Actualités de l'Immigration) «Peuple français, tu as tout vu Oui, tout vu de tes propres yeux. Tu as vu notre sang couler Tu as vu la police Assommer les manifestants Et les jeter dans la Seine La Seine rougissante N'a pas cessé les jours suivants De vomir à la face Du peuple de la Commune Ces corps martyrisés Qui rappelaient aux Parisiens Leurs propres révolutions Leur propre résistance Peuple français, tu as tout vu Oui, tout vu de tes propres yeux. Et maintenant vas-tu parler? Et maintenant vas-tu te taire?»