L'enfant de Hussein Dey, qui n'a jamais coupé avec ses racines, ne conçoit la politique qu'à travers la discipline et le sport. Joli programme en perspective. Forcément, le débat devait «dégénérer» sur les sentiers glissants et incertains de la politique. Rabah Madjer, «Mustapha» pour l'ouled el-houma, devient plus prudent, moins loquace à l'évocation de ces sujets, même s'il accepte jusqu'au bout le principe des débats «A coeur ouvert». L'on apprend ainsi que l'enfant prodige de Hussein Dey, qui symbolise pour la jeunesse algérienne l'exemple de la réussite éclatante et saine, n'est pas totalement désintéressé de la politique. Loin s'en faut. Cet homme à qui tout réussit, qui incarne le vers du roi des poètes pétrissant de la boue et la transformant en or, éprouve «de la sympathie pour le FLN». Mieux, il ne cache pas «les liens amicaux et personnalisés (qui le lient) au secrétaire général de ce parti, Ali Benflis». Madjer, qui ne craint jamais d'en dire trop, s'exprimant avec la même aisance que ses mémorables évolutions sur un terrain de football, précise qu'il est «encore jeune» et qu'il a encore donc pas mal d'années devant lui avant de se consacrer à la politique. Ce qui compte, pour le moment, selon l'une des plus belles figures de proue de la balle ronde algérienne, c'est de relancer la formation, depuis la base jusqu'au sommet, afin de rebâtir une équipe solide, qui défende correctement les couleurs nationales, mais aussi d'accorder plus de considération aux autres catégories, en dehors des seniors. Madjer tient aussi beaucoup à la discipline et à l'esprit sportif. Il se montre particulièrement désolé de certains comportements constatés sur le terrain, depuis que beaucoup d'entraîneurs ont cessé d'être des formateurs, des éducateurs et des mentors. Rabah Madjer, qui pense sérieusement à s'investir un jour dans la politique, après avoir fait le coup de balai salvateur dans le monde du foot et pris sa revanche sur les évènements et les «incompétents» qui infestent ce domaine depuis quelques années, ajoute que son «incursion» dans le monde spécial et fermé de la politique «ne se fera qu'à travers la discipline sportive». Madjer ajoute toutefois qu'il «prend part à certaines réunions du FLN qui se tiennent un peu partout dans le pays». Même s'il ne le déclare pas explicitement, Madjer compterait «soutenir la candidature de Ali Benflis à l'occasion de la présidentielle d'avril 2004». Madjer, loin d'être retors, fixe droit dans les yeux les gens auxquels il s'adresse, admet volontiers avoir soutenu la candidature du Président Bouteflika en 99. «A cette époque, je n'étais pas en Algérie. On m'a contacté. J'ai consulté le programme de ce candidat et je l'ai trouvé intéressant. Je ne regrette pas ce que j'ai fait». Pressé de nous faire un bilan du mandat de Bouteflika, surtout sous le prisme du foot qui ne s'est jamais aussi mal porté depuis son limogeage et les changements opérés à la tête de la FAF et du ministère de la Jeunesse et des Sports, Madjer a refusé de dire le moindre mot, se contentant de noter que «l'heure des bilans n'a pas encore sonné et (souriant) peut-être que je le ferai ici même dans quelques mois». Madjer, dont l'amour pour la patrie et pour ce peuple n'est plus à démontrer, lui qui continue de vivre en son sein en dépit de son éclatante réussite sociale, garde une confiance aveugle en la lucidité et l'intelligence de chaque citoyen. «Le jour J, je demeure convaincu que chaque électeur aura dressé son propre bilan et votera en parfaite connaissance de cause». Ainsi soit-il...