Tout porte à croire, selon des sources recoupées et dignes de foi, que l'on s'achemine vers une grève nationale, risquant de paralyser l'Algérie, plusieurs jours durant. Il semble que la menace de suspendre les principaux journaux du pays, dont le nôtre, ait été la goutte qui a fait déborder le vase. Unanimement, la classe politique a dénoncé cette mesure dont «les raisons économiques» sont apparues «caduques» pour tous. Le mouvement des ârchs, qui a appris la nouvelle durant son interwilayas de Bouira, venait déjà d'accepter le dialogue. Il n'en a pas moins insisté pour dénoncer l'action de Ouyahia et de Zerhouni, incluant cela dans sa déclaration finale, ce qui constitue un fait historique. Dans le même temps, l'on croit savoir que de nombreux syndicats, y compris l'Ugta, sont en train d'étudier l'éventualité de monter au créneau. La rentrée sociale ne s'annonce pas de tout repos pour les décideurs, puisque même la bipartite et le début du dialogue avec eux risquent d'en être compromis. Nos sources, au passage, rappellent la détérioration continuelle du niveau de vie, l'injustice sociale, le grave état de déliquescence auquel est arrivé l'Etat algérien, le pourrissement de la situation en Kabylie, le non-respect des engagements sociaux pris par le pouvoir et, plus récent que tout, la mise en place d'une nouvelle loi sur la monnaie et le crédit. Celle-ci, élaborée sous forme d'ordonnance, ne passera même pas par l'APN, puisque le Président a le droit de légiférer durant les intersessions. Le texte prévoit de mettre en péril la monnaie nationale, d'ôter la plupart de ses prérogatives à la Banque centrale, de permettre aux banques privées de faire ce qui a été interdit à El Khalifa Bank, y compris la mise en place d'un administrateur en cas de litige. Ce nouveau texte, dont nous avons obtenu une copie en exclusivité, prévoit même de contourner la loi sur les hydrocarbures rejetée par tous. Nous reviendrons sur cette question en détails dans nos prochaines éditions. Toujours est-il que cette rentrée sociale, estiment la plupart des observateurs avertis, promet d'être, pour le moins, explosive, «si le trio Bouteflika-Ouyahia-Zerhouni ne change pas de politique tant qu'il en est encore temps».