Le Président Bouteflika devrait mettre incessamment un terme à la débandade qui a sévi au sein du gouvernement d'Ahmed Ouyahia en remerciant les ministres FLN, fidèles à l'ex-chef du gouvernement Ali Benflis. En agissant ainsi, le chef de l'Etat s'aliènerait définitivement le parti de la majorité à défaut d'avoir raison de sa tentation autonomiste, dont l'objectif inavoué était de plébisciter Ali Benflis comme candidat à la présidentielle 2004. Mais le Président Bouteflika a mis plusieurs marrons au feu. Preuve en est qu'il a convoqué illico presto Mohamed Béjaoui, président du Conseil constitutionnel, pour lui demander de plancher en toute hâte sur la faisabilité de la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN). Pour éviter le scénario catastrophe tel que celui vécu après la démission de Chadli Bendjedid en janvier 1992, le législateur a introduit la seconde Chambre du Parlement (le Sénat) pour servir de garde-fou de la République. Or, si Bouteflika dissout l'APN, il risque fort de se retrouver avec une majorité de blocage au Sénat en décembre, et ce dès le renouvellement des membres de cette Assemblée prévu à cette date et qui devrait donner lieu à une majorité FLN pro-Benflis, étant donné que les Assemblées locales (APC-APW), théâtre de ces élections, sont entre les mains du FLN. Pour toutes ces raisons, il est fort probable que M. Béjaoui, dont la réponse au Président Bouteflika était prévue pour hier, n'ait d'autre choix que de présenter des scénarios au Président de la République pour éviter que la crise institutionnelle qui couve ne débouche sur de graves dérapages. Dans cet ordre d'idées, le scénario le plus plausible serait celui de commencer par la dissolution des assemblées locales APC-APW. Les motifs sont divers et variés. D'abord, la pression qu'exerce actuellement le FLN à travers les ministres pro-Benflis au gouvernement repose essentiellement sur la majorité qu'il a pu obtenir le 10 octobre 2002 au niveau local. Il n'est un secret pour personne que les APC détenues par le FLN encaissent très mal la guéguerre qui fait rage au sein de leur maison mère. Au lendemain des attaques contre le FLN de Ali Benflis, guidées par Abdelkader Hadjar, plusieurs APC auraient déserté le FLN pour rejoindre le RND. Un autre élément entre en ligne de compte. Il s'agit du mouvement citoyen des ârchs. Celui-ci ne compte pas rester neutre dans cette phase cruciale. Il n'a pas cessé de réclamer leur dissolution en guise de bonne volonté du pouvoir pour atténuer les «incidences faites au mouvement citoyen». A ce propos, le président du Conseil constitutionnel serait également instruit pour examiner la conformité avec la Constitution des revendications de la plate-forme d'El-Kseur. De nombreux observateurs n'excluent pas l'hypothèse que le chef de l'Etat choisisse de répondre favorablement aux ârchs dans le but de les faire dresser comme un rempart contre les forces politiques qui ne voudraient pas le voir briguer un second mandat. En attendant, la rentrée scolaire et sociale avance à grands pas. Et les préparatifs pour prendre en charge les sinistrés du séisme du 21 mai dernier sont loin de donner les résultats escomptés malgré les efforts financiers et humains colossaux déployés. Idem pour le dialogue social prévu pour septembre et qui risque de connaître des ratés en raison de corrélation entre le FLN et l'Ugta. La Centrale syndicale est tiraillée.