Nul doute que cette sortie constituera l'événement majeur de cette rentrée sociale mouvementée. Après un silence qui aura duré des mois, le secrétaire général du FLN s'est enfin décidé à s'exprimer à travers une conférence de presse qu'il projette d'animer demain au siège de son parti. Depuis son départ précipité de son poste de Chef du gouvernement, au mois de mai passé, ce sera la première sortie médiatique de celui qui a réussi à tenir en haleine toute l'opinion, durant toute cette saison caniculaire. Le désormais incontestable homme fort du FLN a toujours laissé le soin au porte-parole du parti et aux membres du bureau politique de s'exprimer à sa place. En dépit des attaques, sans précédent, essuyées par le FLN, durant lesquelles même des chiens ont été utilisés alors que les formes d'intimidations ne se comptaient plus, Benflis ne s'est jamais départi de ce calme que beaucoup de ses proches ont fini par lui reprocher à la longue. La réunion, mercredi, des députés, sénateurs, maires, P/APW et membres du comité central et du bureau politique, a définitivement levé les équivoques et montré que la force est restée cette fois du côté du droit, de la légalité et de la justice, ont estimé hier des sources proches de ce parti, jointes par téléphone. Le fameux congrès de redressement en est sérieusement compromis. Quand bien même il aurait lieu, cela ne saurait se faire qu'avec des gens étrangers au parti ou, tout au moins, n'y détenant aucun poids sérieux. C'est donc en véritable «conquérant» que Benflis a décidé de mettre un terme à ce statu quo jugé désormais «improductif» par ses proches depuis que la balance a fini par pencher définitivement en faveur des partisans du secrétaire général du FLN. L'opinion, tant nationale qu'internationale, retient son souffle dans l'attente de ce que dira Benflis. C'est en effet cette conférence de presse qui révélera les grandes lignes de la future stratégie que compte adopter le FLN en guise de riposte à ses détracteurs. Outre ses qualités humaines et morales, Benflis a fait montre de dons de fin manoeuvrier. Il est vrai aussi qu'il a pour entourage de vieux routiers de la politique «à qui on ne la fait pas». Benflis a donc laissé venir ses adversaires, s'enfoncer dans leurs errements, sorties intempestives et illégales, avant de contre-attaquer avec un calme olympien pour prouver au monde entier, en l'espace de quelques heures à peine, que les rapports de force n'en ont pas été modifiés même pas d'un iota. Même si toutes les interrogations demeurent permises sur ce que dira et fera Ali Benflis à l'avenir, il ne fait aucun doute que la voie de la légalité et de la paix sera toujours privilégiée estiment ses proches, contrairement à ses adversaires. Ils en veulent pour preuve l'annulation de sa marche prévue à Alger au moment où ses adversaires l'attendaient de pied ferme en quête de dérapages «voulus» et de la répression qui s'en serait suivie. Cette sortie médiatique ne manquera pas d'éclairer d'un jour nouveau des évènements tels que la rentrée sociale, la présidentielle à venir, l'absence de prise en charge conséquente des sinistrés d'Alger et Boumerdès, le risque de dissolution de l'APN, le limogeage des ministres proches de Benflis, l'abus que fait le président de ses prérogatives constitutionnelles lui permettant de légiférer par ordonnance, etc. Hier, à la suite de la visite à Béjaïa de Lahcène Seriak et Saïd Bouteflika, un groupuscule de personnes a tenté de mettre en place dans la wilaya une mouhafada-bis. L'entreprise a été stoppée net. Ce qui dénote que même si les anti-Benflis refusent encore de s'avouer vaincus, ils sont de plus en affaiblis face aux rangs soudés et déterminés de ce parti qui, certes, en a vu d'autres. Nul doute que l'initiative est revenue, intégrale, entre les mains du secrétaire général du FLN. Un homme qui, désormais, a le vent en poupe, et qui le sait...