La guerre déclarée entre Bouteflika et Benflis prend une tournure des plus détestables. En effet, l'implication de la justice dans cette affaire censée être strictement partisane est de nature à faire évoluer la situation dans un sens que peu d'observateurs pourraient se hasarder à en prévoir l'issue. Il est clair que la situation qui prévaut présentement au sein et autour du FLN peut bouleverser sensiblement les équilibres politiques au sein des institutions de la République. Déjà, le retrait des ministres FLN du gouvernement constitue en soi un sérieux coup à l'homogénéité d'une équipe qui a connu deux remaniements en l'espace de quelques mois. Désormais, l'Exécutif est amputé de la principale formation politique à la veille de la présentation à l'Assemblée populaire nationale de nombreux projets de loi et autres ordonnances présidentielles, dont l'importance stratégique n'est plus à démontrer. Aussi, l'un des premiers résultats de cette crise majeure pour le contrôle du FLN frappe de plein fouet deux institutions majeures de la République. Cette dernière donne d'elle une image peu reluisante, pour la simple raison qu'un conflit intra-partisan déteint grandement sur sa propre stabilité. Une stabilité qui ne peut d'ailleurs s'acquérir, qu'au prix d'une consultation populaire, au vu de l'impasse où se trouvent actuellement les protagonistes censés garantir la marche normale des institutions. Il est en effet clair que le bras de fer Bouteflika-Benflis a passé la ligne rouge et largement débordé du context étroit du parti pour engager de manière très officielle la justice et le ministère de l'Intérieur. Face à l'armada judiciaire et policière engagé par le camp présidentiel, il reste à Benflis de répliquer par des actions politiques. Les observateurs de la scène politique prévoient à ce titre, un retrait des élus locaux et nationaux du FLN. Une attitude qui ne fera en fait, que formaliser une impasse politique latente depuis plusieurs mois. Cela dit, il se peut que le parti de Benflis ne recoure pas à cette solution qui imposera de fait des élections législatives anticipées. En d'autres termes, le FLN peut être amené à faire de la résistance au sein même de l'APN et du Conseil de la nation et pousser de fait le chef de l'Etat dans ses derniers retranchements. D'autant que le congrès extraordinaire qui s'est tenu dans la nuit d'hier la mis très officiellement dans la peau d'un candidat à la prochaine élection présidentielle. Un atout politique de taille. Dans un cas comme dans l'autre, il est clair que le temps n'est plus à la réconciliation entre les deux courants qui se disputent le FLN. Les jours qui viennent s'annoncent riches en évènements et le scénario catastrophe, à savoir de véritables batailles rangées, n'est pas à écarter.