A l'orée de chaque mois de ramadan, les prix des produits de première nécessité prennent cet élan dévastateur appréhendé par plus d'un. A Béjaïa, la gymnastique mentale a déjà pris les devants, si l'on en juge par les regards désemparés de certains pères de famille devant les tarifs affichés au niveau de certaines superettes et grands magasins d'alimentation générale. Prévisibles, il est vrai, mais pas de façon aussi flagrante, ces augmentations vont sûrement se répercuter négativement sur les budgets familiaux, particulièrement dans les familles nombreuses, qui d'ores et déjà savent que ce mois ne sera pas de tout repos pour leur bourse. «Tant pis nous allons nous contenter de chorba et de hors-d'oeuvre...les plats de résistance de nos jours sont devenus un luxe...», nous dit une mère de famille, affligée par cette inflation des plus extraordinaires. Certes, les pénuries ne sont plus qu'un mauvais souvenir, mais au prix où sont les produits proposés, c'est tout comme, d'autant plus que le produit importé demeure le plus recherché. Pourquoi? Eh bien c'est toujours l'éternelle réponse: ils sont de meilleure qualité, nous dira-t-on...les pâtes ne collent pas aux casseroles, et les légumes secs cuisent rapidement. Pourtant, le produit local s'est amélioré ces derniers temps et nous avons remarqué que d'aucuns reviennent aux sources, pour n'acheter qu'algérien, vu que les prix sont bien plus accessibles ou presque... «C'est du pareil au même, si vous devez payer le paquet de pâtes à 65 DA, il vaut mieux prendre le made in là-bas...», nous dira un citoyen rencontré dans une grande surface. Du côté des viandes, comme vous pouvez facilement le deviner, ce n'est pas non plus la joie...la viande ovine a grimpé allègrement les marches de l'inflation depuis déjà un bon mois. Un prélude, à ce que sera son prix durant le mois sacré. De 650 à 700 DA/kg, vous ne pourrez agrémenter vos plats de « l'hem » qu'en de rares occasions...et ceci ira crescendo jusqu'à la fin de l'année, si ce n'est pas plus...nous certifièrent les connaisseurs...Une raison de plus pour se tourner vers la viande congelée. A 250 ou 300 DA/kg, cette dernière n'est cependant pas disponible en quantité suffisante. Dans les marchés, c'est plutôt un combat qu'il faudra livrer devant les chaînes qui se forment très tôt le matin. Les denrées les plus recherchées, telles que les oignons et l'ail se voient pratiquement chapardés. Il y a même des revendeurs qui se sont mis dans la course. «Ce sont des denrées très utilisées chez nous, à l'instar des épices et des herbes...», nous dira une vieille dame qui croulait sous le poids de son panier. Béjaïa sent déjà le Ramadan... Elle le voit arriver à grands pas, et nous sommes contraints de dire qu'elle craint ce mois plus que tous les autres. Et pour cause...!