Jamais la précarité d'un hôpital n'a été décrite dans sa réalité comme elle l'a été dans la pièce intitulée «hôpital à Mascara». Tout y est: commerce de bébés, charlatanisme, inversion des rôles où la femme de ménage exerce la profession d'un médecin et l'électricien celui de sage-femme, les patients deviennent cobayes. C'est l'histoire d'un jeune médecin très ambitieux qui, une fois les études terminées se fait engager dans un hôpital pour pouvoir exercer son métier. Mais dès son entrée dans une salle d'accouchement tout commence à basculer pour lui. Face à la pénurie de moyens, à l'insalubrité du lieu, le médecin essaye quand même de faire son devoir avec les moyens du bord. Mais il finira par lâcher et abandonner se rendant compte que ce qu'il a appris à l'université est très différent de la vie réelle. Le brillant médecin ne sortira pas indemne de l'hôpital puisqu'il fera une crise d'épilepsie...Mis à part le côté un peu cru de quelques scènes, qui a d'ailleurs mené quelques personnes en compagnie de leurs familles à quitter la salle, la pièce est généralement potable, si l'on considère que l'histoire telle qu'elle est relatée, par des comédiens qui ont su dans l'ensemble exposer le côté réaliste de l'actualité sanitaire algérienne avec beaucoup d'humour. L'omniprésence de la presse n'a pas été en reste, menacée, voire bâillonnée, elle aussi par le gouvernement n'arrive pas à jouer son rôle d'informateur pour dénoncer les maux et souffrances de la société. Fouzia Ait-El-Hadj a voulu à travers cette pièce, décrire l'actualité algérienne dans l'enceinte des hôpitaux qui sont jusqu'à présent, malheureusement, très mal entretenus par des responsables sans scrupule aucun et qui n'ont cure de l'hygiène et de la sauvegarde de leurs établissements. Au lieu d'en prendre soin, ils en font un lieu de lucre or, leur seul objectif c'est de trouver une source de recettes et de se remplir les poches même si c'est au détriment de leurs patients. Autre révélation faite; dévoiler à travers une scène d'avortement une phase cachée de la réalité algérienne, le gratin de la société a aussi sa part de responsabilité dans le pourrissement et la dégradation de l'état actuel des choses. Le paradoxe de cette pratique, c'est que c'est un secret de polichinelle, mais sur lequel les autorités préfèrent faire le black out ! «Hôpital en stage» (Moustechfa fi ma'askar) est réalisée et mise en scène par Fouzia Ait -El-Hadj et jouée par les comédiens Lazhar Belbez, Bousbouâa Farida, Berkan Mahfoudh, Bouhayek Abdelhamid, Nassima Chems la scénographie est de Zidouni Noureddine.