Quand le fantasme individuel l'emporte sur l'avenir collectif Le président du comité de participation, depuis plus de 20 ans à la tête du syndicat, est pointé du doigt comme étant à l'origine de la déconfiture de cette usine, qui a été l'une des meilleures en Afrique. «Seul son départ nous permettra de reprendre le travail», tranchent les grévistes. L'heure est grave! Les 450 travailleurs de Leader Meuble (ex-Snlb) de Taboukert, entreprise étatique, sont en grève depuis 20 jours, et aucun officiel ne s'est, à ce jour, enquis de la situation. Quand le fantasme individuel l'emporte sur l'avenir collectif! Il y a lieu de le dire, compte tenu de la situation dans laquelle se retrouve «Leader Meuble» de Taboukert, jadis estimée comme étant «l'une des plus performantes en Afrique!». La question qui se pose est de savoir pourquoi en sont-ils arrivés là? Pourquoi les travailleurs réagissent-ils de cette façon? et pourquoi une grève... illimitée? En fait, tout a commencé lorsque les règles et les rapports de travail ont changé. Depuis que la section syndicale de cette usine a basculé dans une autre forme de lutte... La lutte contre le droit des travailleurs, contre l'économie de l'entreprise... pour l'assouvissement de simples fantasmes individuels. Le staff directeur de cette entreprise jusqu'à ce jour a tourné le dos aux travailleurs qui ont porté cette usine dans leur coeur dans ses moments les plus difficiles. Pourtant, leurs revendications ne sont pas nombreuses et sont légitimes! Ce qu'ils revendiquent? Leur dignité! Pour ces ouvriers, très long a été le temps des brimades qu'ils ont subies, «des pratiques illégales des cadres dirigeants de cette entreprise et des cadres de la section syndicale exerçant un pouvoir hégémonique sur les travailleurs toutes catégories confondues», lit-on dans le communiqué du collectif des travailleurs de «Leader Meuble» de Taboukert. C'est «le mutisme et le silence coupable» des responsables de cette entreprise qui est aujourd'hui dénoncés. En effet, le collectif des travailleurs, adhérents de l'Ugta, ont saisi à deux reprises par écrit leurs responsables, mais ces derniers se sont complus dans la stratégie du mutisme «en nous ignorant et réprimant, dans l'espoir de faire fléchir un mouvement juste, légitime, né dans la douleur et l'injustice que vous et votre acolyte avez mis en place et entretenu depuis des années», ajoute le communiqué. Le responsable de la déconfiture où se retrouve cette société est pointé du doigt par les 450 ébénistes de l'entreprise. Il s'agit du président du comité de participation. Selon nos interlocuteurs, «la catastrophe dans laquelle se retrouvent l'usine et les travailleurs est l'oeuvre d'une seule personne. La personne qui est à la fois chef de département, président de la section syndicale de l'entreprise, président du conseil de participation et membre du conseil national de l'Ugta», expliquent-ils. Apparemment, c'est l'homme qui fait la pluie et le beau temps dans l'entreprise. Depuis 20 jours maintenant, «la grève illimitée proclamée par ces travailleurs est majoritairement suivie», nous a-t-on affirmé. «Après plusieurs années de déni et de mépris, le jour est venu où comme un seul homme, nous nous sommes levés pour nos droits, pour notre dignité et notre usine», s'indigne un représentant des grévistes. Ces travailleurs, rien ne les arrêtera dans leur quête de justice pour recouvrer leurs droits d'une manière totale (...)». A Taboukert, dans ce royaume du meuble, dans cette usine qui a meublé la plupart des institutions et maisons algériennes, depuis près de 40 ans, le destin en a décidé autrement! Depuis près de 20 ans, «le secrétaire général et président du CP, selon nos interlocuteurs, a fait régner l'injustice par l'asservissement des travailleurs sous la terreur ainsi que l'exploitation», expliquent les grévistes. L'on cite des exemples édifiants! Des travailleurs qui occupent des postes depuis plus de 5 ans ne sont pas rémunérés en conséquence selon la nomenclature et l'organigramme de l'unité. Aujourd'hui, la goutte a débordé du vase et l'histoire doit s'arrêter le temps d'un salut pour ces hommes et femmes qui ont passé leurs vies entres les planches, la colle et les bouts de tissu. Les travailleurs de «Leader Meuble» ne réclament que leurs droits au travail et au respect, comme la révision des salaires, la mise à disposition de tenues réglementaires de travail, le paiement et la régularisation des ouvriers en fonction du poste occupé...