A défaut d'un soutien direct et officiel, la fondation Emir-Abdel-kader semble être proche du président de la République. S'exprimant, hier, lors du forum d'El Moudjahid, les deux responsables de la fondation n'ont pas caché leur penchant pour Bouteflika. Tour à tour, MM.Beredouane, président du Conseil scientifique, et Boutaleb, président de la fondation, ont chanté à demi-mot l'importance grandissante qu'a accordée le chef de l'Etat à leur institution. «Le président de la République a demandé à ce que soient placées sous son patronage toutes les manifestations de la fondation. Il serait lui-même présent à ce forum, si ce n'est son programme trop chargé», a déclaré le président de la fondation, M.Boutaleb. «Grâce au président, toute la communauté algérienne de nationalité syrienne résidant en Syrie a bénéficié de la nationalité algérienne», a ajouté M.Beredouane. Ce rapprochement constitue un acquis de valeur par le cercle présidentiel et une attitude de bonne guerre par la fondation. A la recherche d'un soutien conséquent depuis son lâchage par le vieux parti, le président de la République trouvera, en effet, un appui considérable en la fondation, et ce, pour plusieurs raisons. L'audience dont joui, cette fondation au sein des populations à l'ouest du pays ne pourra que renforcer les chances électorales de Bouteflika à la présidentielle de 2004. Il y a ensuite l'aura du personnage dont la fondation porte le nom. L'Emir Abdelkader incarne tout un pan de l'histoire du pays, cela va nécessairement donner du crédit, tant recherché, à Bouteflika. Pour sa fondation, il s'agira de concrétiser les objectifs multiples qu'elle s'est fixés. Ils consistent, selon ses deux représentants présents au forum, «à décréter un texte de loi officiel pour consacrer la journée du 27 novembre comme une date repère à l'image de Youm El Ilm, d'oeuvrer à la construction d'une maison de l'Emir où seront regroupés les documents et les archives pour les chercheurs et le public, la restauration de la demeure de l'Emir à Damas pour qu'elle devienne une propriété de l'Etat algérien, et enfin la réalisation d'une oeuvre cinématographique di-gne et à la hauteur du personnage». Notons que la journée du 27 novembre coïncide avec la moubayaâ de l'Emir Abdelkader (prestation de serment d'allégeance) qui a eu lieu en 1832 sous un frêne à l'oued Ghris, du côté de Mascara.